Turquie : La Syrie, patrie méconnue des petits Syriens

- Certains enfants syriens, réfugiés en Turquie à un bas âge ou nés dans les camps, pensent que les centres de réfugiés sont leurs villages

Turquie : La Syrie, patrie méconnue des petits Syriens

Les enfants syriens contraints de quitter leur pays, en raison de la guerre civile qui fait rage depuis 2011, ainsi que ceux nés en Turquie grandissent loin de leur pays d’origine. 

Dans la ville de conteneurs préfabriqués nommée "YIBO", située dans le district de Yayladag de la province de Hatay (Sud est) et mise en place afin de répondre à l’afflux de réfugiés, ce sont près de 4 mille Turkmènes de Bayirbucak qui sont accueillis, dont une grande majorité de femmes et d'enfants. 

Près de 980 enfants, âgés de 0 à 6 ans, vivent dans ce camp. Certains de ces enfants sont nés en Turquie tandis que d'autres sont arrivés dans les bras de leur mère. Néanmoins tous ont un point commun, le fait qu'ils grandissent loin de leur pays d’origine et parfois même dans l'ignorance de ce dernier. 

En effet, certains des enfants, pensent que les conteneurs sont leurs maisons et que les camps sont leurs villages natals. Pour l'instant, ces enfants grandissent dans l’ignorance de la sombre réalité dans laquelle est plongée leur pays et c’est avec l’innocence infantile, que leur accorde leur jeune âge, qu’il s’amusent loin des préoccupations de leurs aînés. 

C’est loin de leur patrie, mais dans l’espoir d'y retourner dès la fin de la guerre civile, que les réfugiés établis en Turquie ont vécu ce lundi 18 décembre, journée internationale des migrants. 

Fatma Abdullah, réfugiée Turkmène, a confié à Anadolu, qu'elle a dû quitter la Syrie, pour ses enfants apeurés par les bombardements du régime. La sexagénaire explique qu'ils sont arrivés en Turquie après avoir marché pendant trois jours et ce, même de nuit. 

"Nous sommes d'abord arrivés dans un village à la frontière turque où nous sommes restés entre trois et quatre jours. Mais ce village aussi a été bombardé et nous avons dû prendre la route en direction de la Turquie. Nous avons traversé une partie du chemin en tracteur. Puis nous avons traversé le reste à pied à travers les forêts". 


En sanglots, Fatma Abdullah, raconte que ses enfants ont beaucoup pleuré en raison de la faim et la soif lors de leur difficile voyage. 


"Qu'Allah aide ceux qui nous ont accueilli à bras ouverts. C'est une "doua" (prière) que je fais constamment. Nos enfants, nos petits enfants ne connaissent pas leur village soit parce qu'ils ne l'ont pas vu soit parce qu'ils ne s'en souviennent plus. Ils ont grandi ici et croient que le camp est leur village. Mais Dieu merci, nous continuons de vivre malgré tout". 


- "InchaAllah ("Si Dieu le veut") nous rentrerons à la patrie" 

Ayse Molla, réfugiée Turkmène âgée de 57 ans, raconte qu'elle est aussi arrivée en Turquie à la suite du bombardement de son village par les forces du régime. 


"Nous avons fait face à de nombreuses difficultés avec mes trois enfants et six petits enfants. Nous étions exténués. Nous avons attendu à la frontière, entre trois et quatre jours, dans l'espoir de rentrer au village lorsque les bombardements cesseraient. Mais ils ont continué de bombarder nos villages, chaque jour. Ils ont dévasté nos villages, détruit nos maisons". 

Et de poursuivre : "Les plus petits ne se souviennent plus de la Syrie, ni de leur village. Ils pensent que les conteneurs sont leurs maisons et les camps leurs villages. InchaAllah la situation s'améliorera et nous rentrerons à la patrie".