Naim Süleymanoğlu, le Hercule turc tire sa révérence
- Le légendaire haltérophile turc, Naim Süleymanoğlu, a perdu la vie à 50 ans dans un hôpital d’Istanbul, le 18 novembre dernier, où il était soigné depuis plusieurs semaines en raison d’une insuffisance hépatique due à une cirrhose
Né le 23 janvier 1967 dans la ville de Kjardali en Bulgarie, « Kırcaali » en turc, Naim Süleymanoğlu a marqué l’histoire de l’haltérophilie mondiale dans les années 80 et 90, en devenant le meilleur sportif de tous les temps dans sa discipline.
C'est un athlète hors-normes qui a remporté de nombreux titres et battu plusieurs records mondiaux dans sa longue carrière à rebondissements, une vie sulfureuse entre gloire, politique et excès, qui a fait de lui une légende mondiale dans le sport international.
Surnommé «l’Hercule de poche» dû à sa petite taille, mesurant 1,47 mètres pour 60 kg, et possédant une morphologie hors du commun taillé parfaitement pour la discipline, le Turc a écrit l’histoire de l’haltérophilie avec 8 titres champions du monde, médaillés en Or à trois reprises lors de trois Jeux Olympiques d’affilée, et pulvérisant au passage un total époustouflant de 46 records mondiaux, dont certains encore non battus jusqu'à nos jours.
Débutant dès son plus jeune âge (9 ans) l’haltérophilie, le Turc a remporté son premier titre mondial à 15 ans au Brésil lors du championnat du monde des jeunes, suivi d’un record mondial l’année suivante en 1984, devenant au passage le plus jeune recordman de la compétition.
Alors que la carrière du jeune haltérophile débute sur les chapeaux de roue avec un premier titre mondial à 15 ans en -52 kilos lors du championnat du monde des jeunes au Brésil, suivi d’un record mondial l’année suivante en 1984, lui valant d’être le plus jeune recordman de la compétition, le jeune sportif se retrouve très vite sous la pression du régime de son pays de naissance, la Bulgarie.
Pour cause, une loi votée par l’administration soviétique en Bulgarie, qui impose l’utilisation des noms bulgares aux minorités turques vivant dans le pays, un système voulant éradiquer la langue turque, qui s’est concrétisé avec l’attribution d’un nouveau passeport à l’athlète renommé Naum Sulejmanow à l'insu de son plein gré.
Naim Süleymanoğlu n'a pas pu assisté aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984, pour cause de boycott des régimes de l’union soviétique aux JO, sans quoi il aurait sans doute été le seul athlète au monde à obtenir 4 médailles d’or d’affilée et devenir officiellement le meilleur athlète de les tous les temps.
Süleymanoğlu avait compris qu’il allait devoir trouver très vite une solution pérenne face à cette pression politique intenable, et en 1986, avec l’aide et le soutien du gouvernement turc présidé par le président défunt Turgut Özal, l'haltérophile qui s'était rendu à Melbourne pour les championnats du monde, s'est réfugié à l’ambassade de Turquie en réussissant à s'enfuir du camp d'entrainement de la sélection nationale de Bulgarie, malgré la présence constante de services de sécurité bulgares prévu à cet effet, avec un scénario rocambolesque digne des plus grands films d’actions.
Sa demande de citoyenneté turque a été accepté immédiatement, lui permettant de prendre le nom de Naim Süleymanoğlu, devenant au passage le héros de tout un peuple, et en 1988, le président Turc Turgut Özal a dû négocié une somme de 1 millions de dollars avec l’administration Bulgare afin d’obtenir la licence du sportif, pour valider son éventuelle participation aux JO de Séoul en Corée du Sud la même année.
Les JO de Séoul (1988) où le turc a crevé les écrans en battant pas moins de 6 records mondiaux, 9 records Olympiques, Naim Süleymanoğlu est devenu au passage le premier sportif a rapporté des médailles aux Jeux Olympiques pour la Turquie en dehors de la lutte, sport favori du pays à cette période, soulevant à l’épaulé-jeté un poids total de 190 kilos soit trois fois son propre poids, une performance historique lui valant l’appellation de « légende de l’haltérophilie », une réputation saluée dans le monde entier, qui lui a valu d’être en couverture du célèbre magazine the « Times » en 1988.
Continuant sur sa lancée malgré une décision surprenante de retraite anticipée à seulement 22 ans en 1992, Süleymanoğlu est revenu dans la compétition et a remporté les JO de Barcelone (1992), suivi de la victoire aux JO d’Atlanta (1996) face à son plus grand rival, le grec, Valerios Leonidis, dans l’une des confrontations considérées la plus spectaculaire de l'histoire de l’haltérophilie, un troisième succès permettant au Turc d’entrer dans le cercle très fermé des sportifs ayant remporté trois médailles d’or d’affilée en autant de participations aux Jeux Olympiques.
Prenant par la suite sa retraite après des JO d'Athènes complètement raté, Naim Süleymanoğlu est devenu vice-président de l’organisation mondiale de l’haltérophilie en 2000, le sportif turc a tenté à plusieurs reprises de se lancer en politique en 2004 lors des élections locales à Istanbul et en 2007 lors des législatives, mais une expérience qui s'est soldée sans réussite pour l’ancien sportif.
Le légendaire haltérophile Naim Süleymanoğlu, soigné depuis plusieurs semaines, à l'unité de soins intensifs d’un grand hôpital d’Istanbul, en raison d’une insuffisance hépatique due à une cirrhose, est décédé après plusieurs complications le 18 novembre dernier à l'âge de 50 ans
Voici dans ce qui suit le palmarès de Naim Süleymanoğlu :
- En 1984, 1985 et 1986, il a été honoré avec le titre honorifique mondial de « haltérophile de l'année »
- Il a remporté 3 titres de champions olympiques : 1988 Séoul, 1992 Barcelone et 1996 Atlanta
- Il a été 5 fois champions du monde : 1989 (Athènes), 1991 (Donaueschingen), 1993 (Melbourne), 1994 (Istanbul) et 1995 (Guangzhou)
- Il possède un total de 46 records du monde battu tout au long de sa carrière
- Il est le seul haltérophile à avoir soulevé trois fois son propre poids, 190 kilos à l’épaulé-jeté, aux JO de Séoul en 1992
- En 1988, il a fait la couverture du magazine "Time".
- En 1992, il a été nommé « meilleur sportif du monde » par l'International mondiale de l’haltérophilie.