Musulmans Rohingyas : Nouveaux témoignages sur les atrocités
Le directeur Asie d'HRW, Brad Adams a qualifié les agissements de l'armée du Myanmar de sauvages et systématiques, preuve selon lui qu'il s'agit d'actions planifiées à l'avance.
Des témoignages de musulmans d'Arakan, réfugiés au Bangladesh, montrent l'ampleur de la persécution dont ils sont victimes au Myanmar.
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a publié, mardi, un rapport contenant le témoignage de centaines de musulmans d'Arakan réfugiés au Bangladesh en raison des attaques de l'armée du Myanmar.
Intitulé, "Massacre sur les rives du fleuve : Les crimes de guerres commis par l'armée du Myanmar à Tula Toli", le rapport met en lumière le massacre perpétré par l'armée du Myanmar dans la région de Tula Toli.
Selon les témoignages concordants de plusieurs villageois musulmans de la région contenus dans le rapport, l'armée du Myanmar aurait, lors d'une offensive à Tula Toli, regroupé tous les habitants sur les rives du fleuve et après avoir séparé les femmes et les enfants, exécuté tous les hommes dont les corps auraient été jetés dans des fosses communes avant d'être aspergés d'essence et brûlés. Les femmes et les enfants auraient été violés à maintes reprises par les soldats du Myanmar et de nombreux enfants auraient, dans cette course à la cruauté des militaires, été jetés vivants dans les flammes s'élevant des corps consumés, sous les yeux de leurs mères.
Selon les témoins, l'horreur a atteint son paroxysme, lorsque les soldats ont enfermé les femmes musulmanes, violées à de multiples reprises, dans les maisons du village avant d'y mettre le feu.
Hasina Begum, une rescapé âgée d'une vingtaine d'années, raconte dans un reportage, qu'à l'arrivée des soldats, elle a tenté de cacher sa fille sous son voile mais qu'elle a été remarquée.
"Ils m'ont pris ma fille et l'ont jeté vivante dans les flammes. Que pouvais-je faire ? Ils avaient des couteaux à la main et des fusils sur l'épaule" a t-elle déclarée impuissante, un flot ininterrompu de larmes coulant sur ses joues.
Sefika, qui, elle, est parvenue à s'échapper de sa maison en feu, raconte ces moments d'horreur, "Lorsque j'ai repris conscience, je nageais dans un bain de sang. J'ai tenté de réveiller les personnes inanimées autours de moi, mais elles ne donnaient aucun signe de vie. Je suis parvenue à ouvrir une brèche dans le mur en bambou et à sortir. Toutes les maisons étaient en feu. J'entendais des hurlements de femmes provenant des autres habitations. Elles ne sont pas parvenues à échapper aux flammes", a-t-elle regretté.
D'autres témoignages décrivent des atrocités d'une rare cruauté. Il est ainsi question de l'égorgement d'enfants sous les yeux des mamans, de bébés piétinés à mort, d'adolescents frappés et poignardés.
Le directeur Asie d'HRW, Brad Adams a qualifié les agissements de l'armée du Myanmar de sauvages et systématiques, preuve selon lui qu'il s'agit d'actions planifiées à l'avance.
Les Musulmans d’Arakan subissent des répressions et des massacres perpétrés par des groupes bouddhistes radicaux et l’armée.
Près de 350 villages Rohingyas ont été anéantis et plus de 600 mille Musulmans ont rejoint le Bangladesh.
Dans les années 1970, environ 2 millions de Musulmans vivaient dans cette province du Myanmar. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 350 mille.