Mali: Le président IBK condamne "fermement" la traite des migrants en Libye

Ibrahim Boubacar Kéita qui est également le président en exercice du G5 Sahel (Burkina, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) a souhaité la mise en place d’une «commission d’enquête tripartite UA-UE-ONU pour établir les faits».

Mali: Le président IBK condamne "fermement" la traite des migrants en Libye

Le président malien Ibrahim Boubacar Kéita, a dénoncé fermement samedi le trafic d’êtres humains qui sévit sur le territoire libyen et qui a été révélée en début de semaine par la télévision américaine CNN, a appris samedi Anadolu de source officielle.

Selon un communiqué lu à la télévision nationale (ORTM), le chef de l’Etat a considéré les faits comme étant une grave offense à la conscience de l’Humanité.

«Je condamne fermement le trafic d’êtres humains qui sévit en Libye. Je suis outré par cette barbarie qui interpelle la conscience de l’humanité», a dénoncé le chef de l’Etat malien dans un communiqué lu à la fin de l’édition de 13h de l’ORTM.

«Je demande aux autorités libyennes de prendre toutes les dispositions pour faire arrêter cette barbarie», a souhaité le président malien.

Ibrahim Boubacar Kéita qui est également le président en exercice du G5 Sahel (Burkina, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) a souhaité la mise en place d’une «commission d’enquête tripartite UA-UE-ONU pour établir les faits».

Mais, pour de nombreux responsables de la société civile malienne, il faut aller au-delà des «déclarations de principe pour se soulager la conscience» pour «engager des actions vigoureuses».

«Nous devons aller au delà des condamnations de principe. Il est évident que la Libye ne dispose pas d'Etat digne de ce nom. Il est donc nécessaire de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU pour qu’il prenne des initiatives pour sortir nos jeunes de cet enfer. A défaut ce sera non assistance à personne en danger», a par exemple proposé Sidi Touré, juriste consultant indépendant pour plusieurs organisations de la société civile dont le Forum de Kurukanfuga, joint par Anadolu.

Le reportage de la CNN montrant des migrants vendus lors d’enchères aux esclaves a fait un véritable buzz sur les réseaux sociaux.

Les images montrent de jeunes hommes qui attendent, en file indienne, de savoir à quel prix ils vont être cédés aux acheteurs qui les entourent.

Les tarifs sont très bas avec un prix de base fixé à 350 dinars libyens, soit 217 euros. Pour convaincre les acheteurs, les organisateurs n’hésitent pas à vanter les qualités des individus mis en vente, révèlent les images.

Certains témoignages racontent qu’une fois vendus les migrants sont victimes de torture et font l’objet de demande de rançons.

Ce qui a suscité la condamnation des dirigeants africains (Alpha Condé de la Guinée et président de l’Union africaine ; Macky Sall du Sénégal…) des réactions énergiques des stars africaines comme Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly, Salif Kéita et le comédien/humoriste malien Habib Dembélé alias Guimba National.

Il y aurait actuellement 20 000 migrants détenus par les autorités libyennes. Le nombre de ceux détenus par les trafiquants d’esclaves est inconnu. Dans le lot, de nombreux Maliens. 

Ces dernières années, le gouvernement malien a réussi à libérer et à rapatrier de nombreux citoyens du pays bloqués en Libye.

Ainsi, en collaboration avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), les autorités maliennes ont rapatrié 158 Maliens le 19 septembre 2017.

Sur les 158 «rescapés de l’enfer libyen» (selon les mots utilisés par un responsable de l’Association malienne des expatriés), 32 étaient détenus au centre de détention de Tarick-Sika et les 126 autres ont été retrouvés dans différentes villes libyennes.

En août 2017, 181 Maliens ont été rapatriés dans les mêmes conditions. Et le ministère des Maliens de l’Extérieur a récemment annoncé une opération similaire avant la fin de l’année, en collaboration avec l’OIM.