Le G5-Sahel renforce sa coopération policière malgré les contraintes financières

Le G5-Sahel renforce sa coopération policière malgré les contraintes financières

Après avoir lancé, début novembre, sa première opération militaire dans le cadre de la lutte antiterroriste, la force conjointe G5-Sahel, affrontant des contraintes financières, renforce désormais sa coopération policière à travers un projet qui vise à assister le Secrétariat Permanent du G5 Sahel dans sa capacité de pilotage, de coordination et de mise en réseau des forces de police nationales des pays du G5 (RCPG5). 

Étant donné les défis sécuritaires existants et la volonté des pays-membres du G5 Sahel dans leur effort de coopération pour la stabilité et le développement, l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ) a été commanditée en 2017 par le ministère fédéral des Affaires étrangères pour mettre en œuvre la composante G5 Sahel du «Programme Police en Afrique Subsaharienne», a appris Anadolu du site d’information relatif au G5 www.g5sahel.org. 

«L’objectif du Programme est de renforcer les capacités institutionnelles et humaines des institutions policières nationales et régionales dans les pays», précise la même source dans un article publié à cet effet.

Tenant compte de l’étendue des frontières difficilement contrôlables, la coopération policière régionale s’impose comme axe central pour la stabilité des pays du Sahel. 

Dans cette optique, le projet RCPG5 vise à assister le Secrétariat Permanent du G5 Sahel dans sa capacité de pilotage, de coordination et de mise en réseau des forces de police nationales des pays du G5. 

Précédemment, Ibrahim Boubacar Keïta, président de la république de Mali et président en exercice du G5 Sahel, qui s’est exprimé lors d’un panel de la 4ème édition du forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique tenu le 13 et 14 novembre 2017, a misé sur l’efficacité de la force conjointe du G5 pour stabiliser et développer le Sahel, malgré les difficultés rencontrées dans la mobilisation des fonds. 

«Le terrorisme ne saurait nous décourager dans la marche vers la paix et le développement», a-t-il défendu. «Ils veulent nous empêcher de vivre, ils veulent nous empêcher d'avancer, mais nous avancerons», a-t-il déclaré, après avoir énuméré les menaces qui consistent en la multiplication de conflits armés, les crises humanitaires, l’extrémisme violent et la criminalité transfrontalière qui pèsent de nos jours sur l’avenir de l’Afrique. 

- Contraintes financières et soutien étranger 

Pour le président Kéita, l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel est l’une des meilleures manières de défier et circonscrire ces menaces afin d’avancer. 

Cependant, cela tarde à se concrétiser à cause des contraintes financières. Selon un diplomate africain en poste à Bamako et qui a requis l’anonymat, à part les 50 millions d'euros de l’Union européenne, la contribution de certains Etats de l’espace ainsi que l’appui matériel et logistique de la France, rien d’autre n’est tombé dans l’escarcelle du G5 Sahel pour l’opérationnalisation de sa force conjointe. 

D'après le Général Mohamed Znagui Sid’Ahmed Ely, expert en défense et en sécurité auprès du Secrétariat Permanent du G5 à Nouakchott, les besoins financiers de la force sont estimés à 423 millions d'euros. Les cinq pays créateurs ont promis chacun 10 millions et la France 8 millions (en équipements). 

Les Etats-Unis se sont de leur côté engagés à apporter jusqu’à 60 millions de dollars (51,5 millions d’euros). «Les Américains sont, maintenant, visiblement prêts à donner davantage pour soutenir le G5 Sahel, dont ils considèrent la force comme comme un modèle d’initiative africaine. Mais, cet appui restera dans un cadre bilatéral, donc, pas d’implication directe des Nations-unies», a commenté notre source diplomatique. 

Lors d’une audience que le président Kéita lui a accordée le 8 novembre dernier, l’ambassadeur Folmsbee des Etats-Unis lui a, en effet, réaffirmé l’engagement de son pays à soutenir le G5 Sahel. Mais, dans «une approche bilatérale». 

L’Elysée a indiqué le vendredi 10 novembre, que le président français Emmanuel Macron a sollicité l’aide financière de l’Arabie Saoudite pour la force des pays du G5 Sahel, à qui il manque encore environ 100 millions de dollars de financement. 

Une réunion de soutien à cette initiative est prévue à Bruxelles (Belgique) le 14 décembre prochain, et ce, à l’initiative de l’Union européenne, notamment de la France. 

-Déploiement de forces en vue d’une première opération 

Malgré cette difficulté à mobiliser les Fonds, cette force a mené arécemment sa première opération. Dénommée «Opération Hawbi» (Vache noire), cette opération a eu lieu entre 27 octobre et le 11 novembre dans la zone frontalière entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Selon le poste principal de commandement installé à Sévaré (Centre du Mali), cette vaste opération a réuni 350 soldats du Burkina, 200 soldats nigériens et 200 militaires maliens. Et la force Barkhane était présente en appui avec 180 militaires. 

«C’est de bonne guère et une bonne stratégie. En effet, si les premières opérations sont un succès, beaucoup de pays pourraient reconsidérer leur position pour apporter un appui conséquent au G5 Sahel», a analysé Abdoul Karim Dia, consultant indépendant spécialiste des questions de sécurité et de développement dans la bande sahélo-saharienne. 

«C’est une opération en forme de test», a affirmé à la presse le commandant de la Force, Général Didier Dacko du Mali. «Des difficultés de coordination et des moyens de communication sont à parfaire encore. Et des délais de mise en place à parfaire encore pour que les prochaines opérations soient mieux conduites», a-t-il souligné comme enseignement tiré de ce test. 

«Nous avons rencontré sur le théâtre des opérations, des individus avec des armes et des véhicules, mais il faut bien comprendre que la menace est multiforme : il y a du terrorisme et une dynamique insurrectionnelle. La force conjointe du G5 est axée sur la lutte contre le terrorisme et elle n’est pas impliquée dans la gestion de la question insurrectionnelle au Mali qui est essentiellement du ressort de la Minusma», a rappelé le Général Didier Dacko. 

Créé en 2014 à Nouakchott (Mauritanie), le G5-Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) affiche de plus en plus sa volonté ferme de relever les nombreux défis auxquels font face les pays de la bande sahélo-saharienne dans les domaines de la sécurité et du développement.