Lac Tchad: Après le terrorisme, la région relève le défi de la stabilisation sociale et humanitaire

Plus de 8 millions de personnes sont directement menacées de famine, du fait de l’interruption des activités agricoles et pastorales

Lac Tchad: Après le terrorisme, la région relève le défi de la stabilisation sociale et humanitaire

Après avoir lutté, ces dernières années, contre le groupe terroriste Boko Haram, les Etats-membres de la commission du bassin du lac Tchad, vont devoir, désormais, affronter la situation sociale et humanitaire, engendrée par le conflit dans la région du lac. 

Selon le rapport du Haut commissariat des réfugiés, publié le 11 septembre 2017, plus 10,7 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire au lac Tchad, plus de 7,2 millions d’entre eux, se trouvent dans une situation d’insécurité alimentaire sévère, dont 515 000 enfants qui ont un besoin urgent en matière d’alimentation, alors que les aides de la communauté internationale se font de plus en plus rare dans cette région. 

D’après le président tchadien Idriss Deby Itno, lors d’une réunion de stabilisation de la région du lac Tchad, tenue en octobre 2017 à N’Djamena, avec la participation des Nations-Unies, d'humanitaires et de bailleurs de fonds, à cette allure de la crise humanitaire au lac Tchad, la faim risque de faire 10 fois plus de victimes que les exactions terroristes dans la région. 

«Ayant constitué un refuge, pendant plus de cinq ans, pour les personnes fuyant la terreur de Boko Haram, le bassin du Lac-Tchad se trouve aujourd’hui plongé dans une crise humanitaire et sociale sans précédent.», a indiqué le président tchadien. 

«La région connaît la plus grande tragédie de son histoire, depuis que la secte Boko Haram a fait son apparition dans la région. Plus de 8 millions de personnes sont directement menacées de famine, du fait de l’interruption des activités agricoles et pastorales, causée par le conflit.», a-t-il expliqué. 

Cette situation nécessite selon Mary-Ellen McGroarty, Coordinatrice résidente et humanitaire des Nations-Unies, une forte mobilisation des organisations humanitaires pour répondre à cette crise, qui tend à devenir une tragédie humaine. 

Mais les financements de la communauté internationale se font de plus en plus rares, pour la stabilisation de la région. 

«Un accroissement du financement de l’action humanitaire est nécessaire pour faire face aux besoins les plus urgents jusqu’à la fin de l’année 2017. Plus de 661 millions de dollar sont requis pour répondre aux besoins des quatre pays concernés (le Tchad, le Nigeria, le Cameroun et le Niger).», a-t-elle précisé. 

«Une partie de cette somme servira à l’amélioration des services sociaux de bases, un accès à la terre, une sécurisation des biens et des personnes, la promotion d’intégration des personnes déplacées au sein des populations d’accueil… », a-t-elle déclaré lors de la conférence de la stabilisation régionale de la commission du Bassin du lac Tchad, qui s’est déroulée à N’djamena le 2 novembre 2017. 

D’après S’mail Chergui, commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, interrogé par Anadolu, la réponse à cette crise sociale que traverse le Bassin du lac Tchad nécessite des actions s’inscrivant dans les réalités et les dynamiques locales. 

Il estime que, la réalisation de cette stabilisation sociale requiert l’engagement des acteurs locaux et l’appropriation du projet par les personnes concernées. 

«La stabilisation des zones affectées par les activités de Boko-Haram au Lac Tchad doit, à présent, se matérialiser par des instruments d’action, de solidarité nationale et internationale, avec un impératif d’appropriation réelle par les communautés concernées», a-t-il précisé.

«Les Etats membres de la commission du bassin du lac Tchad seuls, ne peuvent pas répondre aux besoins humanitaires colossaux dans la région. La communauté internationale doit accompagner ces pays pour la stabilisation sociale et humanitaire», a-t-il souligné. 

Pour rappel, environ 50 millions de personnes vivent dans le bassin du lac Tchad, dont plus de la moitié sont des déplacés et des réfugiés, selon le rapport de la commission du bassin du Lac, publié en début juillet 2017.