La petite syrienne "Sana", une voix angélique qui panse les douleurs de la guerre

-Ayant hérité du don de son père et de son grand-père, Sanaa chante des chansons anciennes et modernes en soutien à la révolution syrienne et ambitionne de devenir une "star"

La petite syrienne "Sana", une voix angélique qui panse les douleurs de la guerre

Les drames de la guerre et ses pénibles conséquences n'ont pas empêché la petite syrienne Sana Hallak, à la voix cristalline, de chanter et parfaire son don, forçant l'admiration de tous ceux qui l'entendent.

La jeune fille âgée de onze ans, a grandi au sein d’une famille portée sur l'art et surtout le chant. Un héritage qui se transmet de génération en génération. Déjà son père et son grand-père, se produisaient dans les théâtres des villes d’Alep et de Damas. Quand ils ont découvert le don de la jeune fille, c'est naturellement qu'ils l'ont encouragés à chanter.

Sana a, ces dernières années, chanté lors de dizaines de fêtes et de manifestations organisées par les associations humanitaires du nord de la Syrie soumis à l'autorité de l’Opposition, parvenant grâce à sa douce voix, à offrir à ses auditeurs la sérénité et à les éloigner du spectre de la guerre et des troubles psychologiques qu'engendrent celle-ci.

- Des chansons anciennes et modernes

Sana chante les oeuvres des grands chanteurs arabes tels que l’Egyptienne Oum Kalthoum (1898-1975) et Sabah (1927-2014), mais aussi des chansons plus modernes. Elle chante également les hymnes de la révolution syrienne qui évoquent les manifestations qui ont éclaté le 15 mars 2011 contre le pouvoir établi avec tout ce qui a suivi comme bombardements par les forces du régime des villes et des villages soumis à l'autorité de l’Opposition.

Il y a cinq mois, Sana a été classée première au concours de Star Kids, concours organisé par une des associations humanitaires du nord de la Syrie. Dans le cadre de ses nombreuses prestations elle a récolté le plus grand nombre de voix des auditeurs et des juges.

- Plus de 50 spectacles

Sana se place également à la tête d’une chorale de 30 enfants dirigée par le chef d'orchestre Houssem Aroub. Celui-ci a déclaré à Anadolu que lors de ses tournées dans les écoles de la ville d’Atareb dans la campagne de l'ouest d’Alep, il a découvert le don de Sana qu’il considère comme une des rares voix de Syrie.

Il a ajouté que Sana jouit d’une puissante mémoire, assimilant très rapidement un large répertoire de chansons. Elle chante d’une manière juste, sans aucune fausse note, a-t-il insisté.

En dépit de la guerre et de l'insuffisance des moyens, Aroub a essayé de l'entraîner, que ce soit chez elle ou chez lui, et si possible dans le centre culturel qui a été, à un certain moment, la cible des bombardements.

Le chef d'orchestre a précisé que Sana a présenté plus de 50 spectacles au nord de la Syrie, retenant l’attention et bénéficiant de l'admiration de ceux qui l'écoutent. "Aussi est-il nécessaire de l'appuyer pour qu’elle devienne une star" a-t-il dit, confiant à voix basse : "nous chantons malgré les souffrances..."

- La voix pour la révolution

Le père de Sana, Mustapha Hallek, rencontré par Anadolu, raconte que sa fille, à l'instar des autres enfants en Syrie, a vécu dans la peur de la guerre. "Mais je n'ai ménagé aucun effort pour que Sana et ses frères puissent vivre une vie normale autant que possible, malgré les souffrances endurées et dues aux bombardements effectués par le régime sur la ville d’Atareb" a-t-il dit.

Lui qui a dû abandonner son travail de steward sur les lignes aériennes syriennes, convaincu qu’il est impossible de cohabiter avec ce régime, encourage, chaque jour, sa progéniture.

"Le fait de la voir chanter, me renvoie à mes propres souvenirs d'enfance", a-t-il ajouté.

Fier des résultats scolaires de Sana, Hallek a précisé qu’il donne tout ce qui est en sa disposition pour aider ses enfants dans leur vie scolaire et développer leurs dons.

Le père de famille a également exprimé son souhait de les voir réaliser leurs ambitions et assurer leur bonheur. :"Quand je rentre à la maison et que je vois Sana chanter avec ses frères et discuter de la technique du chant, je me sens très heureux ", a-t-il conclu, dans un sourire.

-Le rêve de Sana

Sana aime beaucoup les chats et a d'ailleurs une chatte qu'elle a baptisée "Thaoura" (révolution en arabe) en hommage à la révolution syrienne. La fillette a confié à Anadolu qu’elle est très attachée au chant et que c’est sa mère qui a découvert ce don chez elle quand elle était toute petite.

Elle a ajouté que, quand elle chante les chansons des grands artistes tels que l’Irakien Kadhem Essaher ou Oum Kalthoum, elle sent que le chant l'amène dans une autre dimension.

La jeune fille n’a pas manqué de remercier son professeur de musique Houssem Aroub qui n’a ménagé aucun effort pour l’aider et pour lui apprendre plusieurs chansons et qu'à cet égard elle lui demeure reconnaissante.

Ajoutant que les bombardements l’empêchaient de se rendre dans les centres d'apprentissage Sana a exprimé le souhait de voir la paix gagner la région afin qu’elle puisse continuer à chanter en toute quiétude.

Sana rêve désormais de devenir une une star mondiale dans le monde de la chanson.