Cavusoglu: Le peuple turc ne tolère plus d'attendre pour l'adhésion à l'UE
- A la suite des demandes qui lui ont été adressées, Ankara discutera de la médiation entre Bagdad et Erbil, lors d'une visite prévue le 21 janvier à Bagdad, a annoncé le MAE turc
Ankara et le peuple turc ne tolèrent plus d'attendre que le processus d'adhésion à l'Union européenne (UE) aboutisse, a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.
Le chef de la diplomatie turque a été invité à la Table des Éditeurs de l'Agence Anadolu, mercredi au siège de l'agence à Ankara.
Lors de l'entrevue, il a commenté les relations avec l'UE et la candidature de la Turquie.
«Nous avons affirmé aux Européens, que pour de bonnes relations, ils doivent nous considérer un partenaire égal, a noté Cavusoglu. […] Nous n'avons aucun problème. Les Européens ont compris que nous ne céderons pas lorsque nous faisons face à une approche négative. Nous voulons poursuivre nos relations avec l'UE dans le cadre du respect mutuel et des critères de l'Union ».
Cavusoglu a annoncé que son homologue autrichienne Karin Kneissl effectuerait une visite en Turquie le 25 janvier courant.
«J'estime que Vienne est sincère dans sa volonté d'améliorer les relations, a-t-il fait remarquer. Si nous constatons une telle approche, pourquoi garder la tension dans nos relations avec l'Autriche?»
Le ministre turc a aussi rappelé que le président français, Emmanuel Macron, avait évoqué une «hypocrisie» de la part des Européens, à l'égard de la Turquie.
«C'est en effet ce que nous essayons d'expliquer depuis longtemps, a-t-il poursuivi. Nous disons [aux pays de l'UE] de se décider, s'ils le veulent. Nous sommes candidats à l'adhésion totale. Nous avons lancé les négociations car nous visions l'adhésion totale. Nous avons conclu un accord qu'il faut suivre. Qu'on n'attende pas encore une cinquantaine d'années. Ni nous, ni notre peuple n'avons plus de tolérance ».
Cavusoglu a aussi abordé la question chypriote.
Il a noté qu'après les élections législatives tenues la semaine dernière, « la République turque de Chypre du Nord discutait du système présidentiel».
«C'est possible, a dit Cavusoglu. L'important c'est le progrès de la démocratie et la division des pouvoirs. Nous avons adopté ce système. Nous en profitons déjà ».
Pour le ministre turc, il est important qu'un gouvernement soit rapidement mis en place à Chypre, pour passer ensuite à discuter aux négociations.
«J'ai l'impression que la partie chypriote grecque ne s'inclinera jamais à une solution basée sur l'égalité politique, a-t-il fait savoir. La partie chypriote grecque se voit plus développée que la partie turque, et se demande pourquoi elle devrait partager son économie ou sa gouvernance avec la partie turque ».
Le ministre a aussi fait remarquer que la partie grecque a commencé à s'éloigner du consensus trouvé entre janvier et juillet 2017.
Concernant les relations avec la Grèce, Mevlut Cavusoglu a noté que la Turquie n'a aucun plan concernant l'intégrité territoriale de ce pays et les frontières, et vice-versa.
Pour Cavusoglu, la révision du Traité de Lausanne ne signifie pas un élargissement du territoire grec et la divergence entre les îles et îlots persiste.
Afin de résoudre ce problème, Ankara et Athènes doivent coopérer, selon Cavusoglu qui a critiqué les allégations sur les îles égéennes.
«Aucune île n'a été donnée à la Grèce durant le pouvoir de l'AK Parti et après la crise de Kardak en 1998, et aucune île n'a été occupée, a-t-il insisté. Nous avons une amitié avec la Grèce, nous sommes des voisins. Nous coopérons dans plusieurs domaines et nous entamons des démarches en vue de renforcer la confiance mutuelle. Nous essayons de surmonter nos différends par le dialogue. Que personne n'essaie d'empoisonner le climat positif, via des questions négatives concernant l'Égée ».
Le chef de la diplomatie a conclu en abordant la situation en Irak, où Bagdad et Erbil doivent résoudre leur différend.
Il a à cet effet évoqué des demandes adressées à Ankara pour une médiation entre Bagdad et Erbil.
Il a signalé que le sujet serait discuté lors d’une visite prévue le 21 janvier à Bagdad.
«Notre but est de résoudre tous les problèmes dans le cadre de l'intégrité territoriale de l'Irak, a-t-il affirmé. Dès qu'Erbil accepte les critères pour une normalisation, nous n'aurons plus de problèmes avec eux. La Turquie ne ménagera aucun effort pour que l'Irak se redresse ».