Cameroun-Crise Anglophone : Le Nigéria de plus en plus hospitalier

Ce sont quelque 7204 Camerounais «ayant fui les troubles dans les zones anglophones»,qui se sont dernièrement réfugiés dans les zones de l’Etat du Cross River au Nigéria, tandis que «des milliers d’autres attendent également d’être enregistrés» (HCR)

Cameroun-Crise Anglophone : Le Nigéria de plus en plus hospitalier

Face à une crise anglophone qui s’intensifie au Cameroun prenant, de plus en plus, des formes violentes, de nombreuses populations anglophones s’exilent au Nigéria sous l’aile des organisations internationales et la générosité de certains Nigérians.

Ce sont quelque 7204 Camerounais «ayant fui les troubles dans les zones anglophones», qui se sont dernièrement réfugiés dans les zones de l’Etat du Cross River au Nigéria, tandis que «des milliers d’autres attendent également d’être enregistrés», selon une note rendue publique par le Haut-commissariat des réfugiés, HCR, le 19 décembre. Ce nombre renferme 1650 garçons, 1905 filles, 1294 hommes, 1936 femmes et 419 personnes âgées.

Selon la structure onusienne, «environs 70% de demandeurs d’asile enregistrés, en majorité des femmes et des enfants, sont originaires d’Akwaya, dans la région du Sud-ouest du 
Cameroun». 

Les milliers de Camerounais en fuite vers le Nigéria sont hébergés dans les communautés nigérianes près de la frontière avec le Cameroun. D’après le HCR, ils effectuent la traversée 
«par l'intermédiaire de plusieurs points d'entrée non officiels. Ceci est dû au fait que le principal point de passage frontalier est officiellement fermé».

Cependant, le HCR dit craindre «que les capacités de ces populations soient bientôt mises à rudes épreuves».

- Désolation 

Pour de nombreux observateurs, il s’agit d’un bouleversement dans le quotidien, aussi bien des Nigérians que des Camerounais des zones directement impliquées par ce flux migratoire. Pour le sociologue camerounais Serge Aimé Bikoi, face à cette situation, ces populations pourraient «manifester des comportements imprévisibles».

«L’impact social que peut avoir l’accueil des réfugiés camerounais au Nigeria va dépendre de la nature des relations que ces réfugiés vont entretenir avec les populations locales nigérianes.», fait-il remarquer.

«Sur le plan relationnel et sociologique, elles ne seront pas toujours marquées d’une certaine harmonie. On ne sait pas, véritablement, quels sont les types d’attitude auxquelles on peut s’attendre. Cette nouvelle relation peut être mêlée d’appréhension de la part des populations qui reçoivent et celles qui viennent, relatives aux stéréotypes, aux préjugés des uns et des autres», a-t-il expliqué à Anadolu.

Cependant, d’autres observateurs comme le bloggeur camerounais Albert Nchinda, déplorent l’attitude du gouvernement face à la crise anglophone. Selon lui, il ne s’emploie pas 
véritablement à résoudre la crise, ni même à instaurer le dialogue qui, affirme-t-il, est la solution principale. 

Bien au contraire, il déploie «des forces militaires qui violentent les populations les forçant, ainsi, à s’enfuir», précise-t-il. La brutalité des militaires est, selon lui, à l’origine de ce phénomène de réfugiés camerounais au Nigéria.

- Elans de solidarité 

L’opposition quant à elle, se prépare déjà à soutenir les Camerounais forcés à abandonner leurs pays.

«En Janvier nous mettrons en place un comité composé d’avocats, de docteurs, de quelques leaders du parti pour se rendre au Nigéria et s’enquérir de la situation. Nous mobiliserons également des fonds pour venir en aide aux réfugiés camerounais», a confié à Anadolu , John Fru Ndi fondateur et dirigeant du Social Democratic Front (SDF) , principal parti d’opposition au Cameroun.

Dans un même élan de solidarité, le HCR a d’ores et déjà engagé le renforcement de sa présence dans le Sud-est du Nigéria «afin d’apporter un soutien vital à des milliers de 
personnes ayant fui les troubles dans les zones anglophones». 

Ce soutien se compose de la «distribution de la nourriture et des articles de première nécessité», mais aussi de plus de ploiement de son personnel dans la région Nigériane concernée. 
«Un plan d’urgence» est également annoncé par la délégation onusienne.

Laquelle rapporte, aussi, que d’autres organisations, telles que Médecins Sans Frontières (MSF) et l’Agence nationale de gestion des urgences (SEMA) préparent leur participation. 
Notons que ce nouveau nombre de réfugiés issus de la crise anglophone du Cameroun, complète les 2000 enregistrés le mois dernier par le Haut-Commissariat de l’ONU.

Poursuivant l’enregistrement biométrique des nouveaux arrivants réfugiés camerounais au Nigéria, le HCR «estime à 40 000 le nombre de nouveaux arrivants du Cameroun - en quelques mois- avec un 
budget prévisionnel de 18 millions de dollars» pour un plan d'urgence comprenant les premières necessités, selon un rapport daté du 17 décembre dernier.