Burundi - Réunion d'Arusha : Rencontre décisive ou une énième assise?
«Il ne faut pas attendre beaucoup de ce 4ème round sauf quelques politiciens en exil, qui pourront accepter de rentrer. » (Expert)
Du 27 novembre au 8 décembre, les protagonistes de la crise burundaise se réunissent encore une fois autour du facilitateur, l’ancien président tanzanien Benjamin William Mkapa.
Le Cndd-Fdd (Conseil national de la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie), parti au pouvoir et ses partis-satellites comme Forces nationales de libération (Fnl), le Rassemblement des démocrates du Burundi (Radebu) ou l’Union pour le progrès national (Uprona)… y participent à ce round.
«Nous avons répondu à l’invitation du facilitateur. Mais, il faut que ces assises soient vite rapatriées à Bujumbura », a confié, à Anadolu, Jean De Dieu Mutabazi, président du Radebu.
Il est optimiste quant à l’aboutissement de ce round. Idem Abel Gashatsi, président de l’Uprona : «Je pense qu’avec la volonté des politiciens, des participants, il y a lieu d’espérer que ces assises pourront aboutir à des conclusions qui vont sortir notre pays de la crise.»
D’ailleurs, ce politicien révèle que son parti a déjà donné sa contribution : «Elle va dans le sens de faire comprendre aux réfugiés et aux politiciens en exil que la situation sécuritaire s’est nettement améliorée. »
Le gouvernement se garde de tout commentaire à ce round.
Sous couvert d’anonymat, un politologue burundais dit que Bujumbura n’y attache pas d’importance, il y envoie ses partis satellites.
En effet, explique-t-il, il exploite déjà les clauses de la Commission nationale de dialogue interne (CNDI), dans l’élaboration du projet d’amendement de la constitution, alors que le rapatriement des réfugiés est en cours, montrant ainsi que la sécurité est là.
Pour lui, quelles que soient les sanctions de l’Union européenne et d’autres partenaires qui "déstabilisent" l’économie nationale, le pouvoir est en position de force par rapport à son opposition qui peine toujours à se ranger derrière un seul leader.
Il trouve que l’opposition burundaise est très faible et les conflits d’égos la fragilisent davantage.
Manifestement, poursuit-il, même la médiation s’est déjà rangée derrière Bujumbura.
Pour preuve, la Facilitation, dirigée par l’ancien président tanzanien, n’invite jamais le Cnared comme une entité politique, mais les invitations sont données individuellement, analyse-t-il, rappelant que le régime Nkurunziza n’a jamais accepté l’existence de cette plateforme.
Et de se résumer : «Il ne faut pas attendre beaucoup de ce 4ème round sauf quelques politiciens en exil, qui pourront accepter de rentrer. »
Ce qui se confirme via les agissements de l’opposition à l’occasion de ce 4ème round. «Par principe, on va y aller. Nous avons été les premiers à chercher ce dialogue, et son issu est favorable à la résolution de la crise que traverse le Burundi depuis avril 2015 », a déclaré avant d’aller à Arusha, Tatien Sibomana, porte-parole de l’Uprona, aile non officielle et membre de l’opposition dite ‘’interne’’.
Qu’on l’appelle session ou round décisif ou pas, de toute façon, c’est un rendez-vous à ne pas rater’’, a ajouté cet opposant, approché par Anadolu.
D’après lui, vu la période réservée à ce round, les débats de fonds porteront sur les différentes questions soumises à la médiation.
Au sein des radicaux, le langage est loin d’être uniforme. Traitant l’opposition interne de ‘’parallèle et pirate’’, le Conseil national pour le respect de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi et l’Etat de droit (Cnared) a boycotté cette réunion pour manque d’inclusivité et de partialité, appelant à son report.
«Le Cnared refuse de participer à cette session qui va consacrer la mort définitive de l’Accord d’Arusha». Cette plateforme accuse la Facilitation d’être à la solde de Bujumbura et de ne viser que le rapatriement de ce dialogue d’Arusha au Burundi.
La réunion d’Arusha qui prend fin le 8 décembre, envisage de clôturer ses travaux par la signature d’un accord, dont les termes ne sont pas encore révélés.
Mais en l’absence de toutes les parties prenantes dans la sphère politique, notamment le Cnared, plusieurs observateurs s’interrogent sur la pertinence d’un tel accord et surtout sur ses retombées, rappelant le sanglant épisode par lequel est passé le pays au cours des années 90.