Burundi : Bujumbura veut faire "peau neuve"
- Le Président burundais, Pierre Nkurunziza, a lancé, il y a quelques jours, un vaste projet visant l’extension de la ville de Bujumbura dans l'objectif de moderniser la capitale burundaise.
Le Président burundais, Pierre Nkurunziza, a lancé, il y a quelques jours, un vaste projet visant l’extension de la ville de Bujumbura dans l'objectif de moderniser la capitale burundaise.
. «Depuis l’an 2014, le gouvernement du Burundi s’est fixé l’objectif principal de transformer la métropole de Bujumbura en un centre régional dynamique de commerce et d’activités», a déclaré le président burundais dans un discours de circonstance relayé par la radio d’état, Rtnb, lors de la présentation officielle de la maquette, mardi dernier.
Aujourd’hui, la capitale burundaise est peuplée d’environ 800.000 habitants sur une superficie d’un peu plus de 120 km². Ces chiffres auront explosé en 2045. «D’après les études faites par des experts, la population de la ville de Bujumbura sera d’environ 4 millions en l’an 2045, ce qui signifie que l’on comptera 4.000 habitants sur 1km²», a déclaré le président burundais.
Le plan de modernisation appelle une transformation radicale de la ville et de ses environs. «En se basant sur ce plan directeur innovant qui montre que la ville s’étendra sur 913,4 km², il doit y avoir un nouvel aménagement concernant les espaces où construire et où cultiver, ainsi que des espaces verts pour protéger l’environnement», a ajouté le président burundais.
Cela fera de Bujumbura un carrefour régional. «Nous voulons faire de Bujumbura un pôle régional effervescent au bord de l’eau, au cœur de l’Afrique», a confié à Anadolu le Maire de Bujumbura, Freddy Mbonimpa.
La maquette constitue une représentation visuelle pour les autorités. «L’important est d’avoir cette maquette avec cette vision, nous devons viser cet objectif à atteindre idéalement en 2045», a expliqué à Anadolu Théophile Ndarufatiye, assistant du Ministre de l’Eau, de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme.
Mais vu la morosité économique ambiante, le projet est, pour certains, trop ambitieux. «Il s’agit d’un plan fort ambitieux, sa concrétisation appelle une amélioration totale du contexte politique et économique du Burundi», a déclaré à Anadolu Philippe Ndikuriyo, membre influent du parti Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu), un des partis politiques de l’opposition.
Présentée sous le label «Bujumbura Vision 2045», la maquette de Bujumbura modernisée a été réalisée par Singapore Coopération Enterprise (SCE, une société singapourienne), avec un financement de 2.225.000 USD mobilisés par le Programme des Nations Unies pour le Développement, PNUD. Bujumbura lui a exprimé sa gratitude. «Nous remercions le PNUD pour sa contribution, cet organisme a toujours été auprès de nous durant tous les moments de crise que le Burundi a traversés depuis son accession à l’indépendance», a déclaré le président burundais.
Selon Conille Garry, représentant résident du PNUD au Burundi, «ce plan jouit d’un mérite de prendre en compte les virtualités et les potentialités intrinsèques de la ville de Bujumbura et remédier à certains de ses défis. La ville de Bujumbura présente une position géostratégique clé, réelle et des potentiels de développement, notamment dans la filière touristique», a-t-il déclaré à l’occasion de la présentation de la maquette. Toutefois, a-t-il continué, son futur développement urbanistique connaît des menaces qui viennent notamment de la pression démographique rapide, du chômage, de la vulnérabilité, des catastrophes naturelles, etc.
D’aucuns estiment que ce projet risque d’achopper sur le manque de moyens pour son financement au moment où le Burundi est englué dans une grave crise politique et sécuritaire depuis plus de deux ans. Depuis fin avril 2015, le Burundi traverse une grave crise politique émaillée de violences, déclenchée par la candidature controversée du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat.
Ces violences ont déjà fait plus de 1000 morts et ont poussé plus de 400.000 personnes à l’exil selon l’ONU et les ONG. En réaction à la vague de violation des Droits de l’Homme dont le pays est devenu le théâtre, de nombreux partenaires du Burundi, notamment l’UE, la Belgique, la France, l’Allemagne et les USA, ont suspendu leurs appuis financiers à Bujumbura.