Antalya : Un historien Irlandais à la recherche des œuvres islamo-turques volées
- Fasciné par la culture Seldjoukide, Duggan, professeur irlandais de l'Institut de Recherche sur les Civilisations Méditerranéennes, entreprend des initiatives pour récupérer les œuvres turco-islamiques volées.
Fasciné par la culture Seldjoukide, Mikail Patrick Duggan (59 ans), professeur irlandais d'histoire de l'Art, s’est installé depuis 27 ans dans la ville d'Antalya (Sud) dans le but d’entreprendre des initiatives pour la récupération des œuvres turco-islamiques volées et réaliser des travaux de recherches pour la découverte de celles de l'époque des Seldjoukides.
Envoûté par la touche historique de la province, Duggan, professeur à l’Institut de recherche sur les civilisations méditerranéennes, s'est installé à Antalya il y a vingt-sept ans. Il y réalise des recherches sur l’histoire turque et se concentre particulièrement sur l’art de l’époque des Seldjoukides.
Il effectue essentiellement des travaux pour la découverte des œuvres Islamiques de la première période de l'Anatolie. Duggan entreprend également des initiatives pour la récupération des œuvres turco-islamiques volées.
Dans une interview à Anadolu, le professeur d’Histoire de l’art indique qu'il avait décidé de mener des études dans cette région (Antalya) autrefois habitée par Alexandre Le Grand, personnalité qui suscite son intérêt.
Il affirme s'être converti à l’Islam, à la suite de nombreuses recherches qu’il avait réalisées au cours de sa traversée de 5 500 km à pied, de la Thessalonique (Grèce) à l'Egypte et jusqu’en Tunisie.
Duggan indique, d’autre part, avoir visité plusieurs provinces turques. Il souligne avoir décidé d'effectuer des recherches sur la civilisation Seldjoukide ayant bâti de nombreux monuments comme le Minaret de Yivli (Mosquée à Antalya), édifice qu'il a contemplé pendant plus de six heures.
« Je me suis installé à Antalya « par amour aux Seldjoukides » et dans le but d’analyser cette civilisation. Antalya, qui fut tombée sous le règne des Seldjoukides en 1207, est marquée par de nombreuses architectures Seldjoukides notamment la mosquée Alaeddin construite par le Sultan des Seldjoukides Alaeddin Keykubat », explique-t-il.
Depuis 27 ans, Duggan se consacre à l'étude de nombreuses œuvres et édifices dans les différents districts d’Antalya, notamment : La Mosquée Ahi Yusuf, la Mosquée Alaeddin, le Medersa (Ecole religieuse), le château et les docks d'Antalya ainsi que le pont de Sogucaksu (district de Aksu).
La liste des monuments étudiés comprend également, la résidence du Sultan dans le théâtre antique d'Aspendos (district de Serik), la résidence de chasse (district de Kemer), le Kargıhan (district de Manavgat), le château de Gıyaseddin Keyhüsrev, ainsi que les sites historiques d’Evdir Han et de Kırkgöz Han.
L'historien affirme, par ailleurs, avoir effectué des recherches dans de nombreuses provinces turques marquées par l'histoire et la civilisation Seldjoukide telles que Konya, Erzurum, Niğde et Aksaray. A cette occasion, Duggan précise avoir découvert le vol de nombreuses œuvres turques.
Il exprime sa satisfaction face à la récupération des œuvres antiques indiquant, toutefois, que la grande majorité d'entre elles sont toujours à l'étranger hormis les sarcophages et les statues.
« Je confirme que de nombreuses œuvres antiques ont été volées à la Turquie. De sérieuses initiatives ont permis la récupération de certaines œuvres, néanmoins, d’autres demeurent perdues ou encore volées» confie-t-il.
« En tant qu'historien connaissant de près l'Occident, je me suis voué, à cet égard, à récupérer ces œuvres dont la plupart embellissent des musées tandis que d'autres font partie de collections privées. Bien que le ministère turc de la Culture et du Tourisme ait lancé des initiatives de récupération des œuvres historiques, celles-ci demeurent limitées dans la mesure où les ventes se tiennent dans des cercles privés », explique-t-il.
- Les plus intéressants sont les céramiques d’İznik (Bursa, Nord-Ouest)
Duggan précise qu’un grand nombre d’œuvres islamo-turques ont été volées essentiellement au début du 19ème siècle, dont principalement les céramiques d'İznik, qui embellissent, actuellement, des musées du Royaume-Uni ou qui font partie des collections privées. Il affirme que des exemplaires de ces œuvres sont exposés à Paris et New-York.
Outré, le professeur ajoute qu'il a récemment témoigné de la vente d'un bloc de marbre sur un site internet ou encore d'une bague turquoise ornée d'un motif de lion dans une vente aux enchères.
« Ce ne sont pas, seulement, les œuvres de Rome et des anciennes civilisations qui ont été pillées, mais également celles de l'histoire de l'Anatolie. C'est pourquoi nous devons faire tout notre possible pour récupérer ces œuvres et permettre leur retour en Turquie », explique-t-il.
Il affirme, en outre, que les œuvres volées ne se trouvent pas seulement en Occident mais également dans certains pays arabes.
« Ceux qui volent leur culture pour l'argent ne peuvent pas faire partie de cette civilisation » partage Duggan, notant qu' « Ils ne peuvent être des membres de la civilisation islamique. Aucun occidental ni extrême orientaliste n'accepterait l'exposition de ses œuvres culturels hors de son pays ».
Il souligne l'importance de la présence de ces œuvres culturelles au sein de la Turquie du point de vue des générations futures qui « se doivent d'acquérir la culture historique pour appréhender leur propre histoire ».