Algérie : Tomber de rideau sur une campagne électorale sans relief

- Plus de 22 millions d'algériens sont appelés à voter, jeudi, pour renouveler les conseils communaux et des gouvernorats. Redoutant la désaffection, le Sénat a lancé un appel à un vote massif

Algérie : Tomber de rideau sur une campagne électorale sans relief

La campagne électorale pour les élections des assemblées communales et de gouvernorats, prévues jeudi, s’est achevée lundi en Algérie, contraignant les partis politiques entrés en compétition, à s’astreindre au silence électoral conformément à la loi en vigueur, qui stipule que la campagne électorale est ouverte 25 jours avant la date du scrutin et s’achève trois jours avant la date du scrutin.

Pendant vingt deux jours, plus de cinquante partis et de nombreux candidats indépendants ont sillonné les quarante-huit départements que compte le pays pour convaincre les citoyens de se rendre en masse au scrutin.

Mitigée, cette campagne électorale, intervenant dans un contexte de crise économique, n’a pas suscité l’enthousiasme des citoyens.

Signe de ce désintérêt : des meetings de partis ont été parfois annulés, alors que certains se tenaient devant une affluence peu nombreuse.

Mieux, même la presse publique parue lundi s’est rendue à l’évidence du peu d’enthousiasme des électeurs, préférant focaliser sur «l’éthique» et «l’absence de dérapages».

«La campagne électorale, jugée positive et marquée par le respect de l'éthique rarement observée lors des précédentes compétitions électorales, a pris fin pour consacrer le changement local par l'urne», écrit le quotidien gouvernemental, Horizons.

Journal libéral, le quotidien Liberté a relevé le «désintérêt citoyen» et une ambiance «morose». Il a même mis l’accent sur le fait que les chefs de partis et les candidats ont été tournés en dérision sur la toile par les internautes algériens.

Si le quotidien «Reporters» a souligné l’absence de «contenu dans le discours des candidats», le quotidien El Khabar, quant à lui, a estimé que la «campagne a été sans relief».

Il faut dire que, crise économique oblige, les candidats n’avaient pas beaucoup de promesses à faire. La majorité a surfé sur des thématiques, comme la «nécessité de l’élargissement des prérogatives des élus», la «promotion de la démocratie participative» ou encore la «décentralisation» et la «préservation de la stabilité et de la sécurité du pays», des thématiques qui n’accrochent pas une population dont les deux-tiers a moins de trente (30) ans.

Ambitionnant de rafler la majorité des Assemblées, le front de libération nationale (FLN), du président Bouteflika a engagé sur le terrain ses ministres et mis en avant «la légitimité historique» du parti dans l’espoir de séduire l’électorat.

Son SG a répété, à chaque fois, que le FLN (parti de l’indépendance 1954-1962) est à l’origine de toutes les réalisations.

Parti proche du pouvoir, le mouvement populaire algérien (MPA, 13 députés) a estimé, lui, qu’il est «temps de passer à la légitimité démocratique».

Si le parti des travailleurs PT (11 députés) dénonçait les mesures d’austérité du gouvernement, le premier ministre, Ahmed Ouyahia, lui, qui faisait campagne pour son parti, le RND (rassemblement national démocratique 100 députés) défendait «l’option du recours à la planche à billet» pour relancer l’économie.

Alors que le mouvement de la société pour la paix (MSP, 34 députés), principal parti d’opposition se dit «disposé à travailler avec tous les autres partis» pour développer les communes, le FFS (front des forces socialistes, 14 députés), lui, appelle «au consensus».

Reste à savoir si jeudi, les électeurs, plus de 22 millions, seront au rendez-vous. Redoutant la désaffection, le Sénat a même lancé un appel à un vote massif.