Algérie - Elections locales : L’opposition dénonce une «fraude»
Tous les partis de l’opposition ont émis des recours dénonçant, entre autres, un «parti pris de l’administration» au profit des partis du pouvoir
L’opposition algérienne, dans ses diverses tendances, a dénoncé dimanche la «fraude» qui a entaché, selon elle, les élections des assemblées locales et des gouvernorats tenues jeudi dernier.
Elle accuse particulièrement certains agents de l’administration d’avoir favorisé les partis du pouvoir, notamment le Front de libération nationale (FLN), du président Abdelaziz Bouteflika.
Ce parti est arrivé en tête dans 603 APCS (assemblées populaires communales) et obtenu 711 sièges dans les APWS (assemblées populaires de wilaya), suivi du Rassemblement national démocratique (RND) du premier ministre, Ahmed Ouyahia avec 451 communes et 527 sièges dans les wilayas, selon les résultats provisoires annoncés vendredi par le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Nouredine Bedoui.
«Lors du scrutin de jeudi dernier, il y a eu une fraude flagrante», a dénoncé, Abdelmadjid Menasra, président de HMS (Harakat Moujtamâa Essilm) (MSP, islamiste), principal parti d’opposition au parlement (34 députés), lors d’une conférence de presse.
Selon lui, les procès verbaux de dépouillement, dans plusieurs centres de vote, ont été changés.
Il accuse également certains walis (gouverneurs) de «partialité» et certains magistrats de «complicité», avec les partis au pouvoir.
«Les élections locales ont été entachées par de nouvelles formes de fraude», a dénoncé, de son côté, Louisa Hanoune, secrétaire générale du parti des travailleurs (PT, gauche, 11 députés), estimant que «le taux de participation» aux élections locales, 46, 93 %, était «exagéré».
«C’est un pseudo-scrutin», a-t-elle affirmé, selon des propos rapportés par la presse algérienne.
Outre les soupçons sur le vote des corps constitués au profit des partis du pouvoir, Louisa Hanoune évoque des «dépassements» dans de nombreux bureaux.
«Je suis persuadé que les encadreurs et les chefs de centres n’ont pas agi de leur propre gré pour bourrer les urnes et falsifier les PV», a-t-elle dit, dans des propos rapportés par le quotidien El Watan.
D’après plusieurs journaux parus dimanche, des manifestations de citoyens dénonçant cette fraude a eu lieu dans certaines localités, comme à Temouchent (Ouest), Felaouwcen, commune de Tlemcen (Ouest), à Tiaret (Sud–ouest) et à Lioua, une commune de Biskra (sud).
A Bouharoun (Tipasa, 90 Km ouest d’Alger), des citoyens ont saccagé le siège du FLN, selon le quotidien El Khabar.
Surprise du scrutin, le front Al Moustakbal (front de l’avenir), arrivé troisième avec 71 communes gagnées a estimé, pour sa part, que «l'administration n'était pas du tout neutre et son intervention était beaucoup plus importante et visible que lors des précédents rendez-vous électoraux».
«Des représentants de partis politiques ont été carrément empêchés d'assister au dépouillement et au dépôt des procès-verbaux (…)», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Même s’ils refusent de parler de «fraude», les partis du pouvoir ont admis eux aussi l’existence de «dépassements».
«Il y a eu des violations et des escarmouches, tout comme il y a eu des dépassements de la part de certains agents de l’administration. Il y a eu également des retards dans la remise des PV de dépouillent», a admis peu après l’annonce des résultats, le premier ministre, Ahmed Ouyahia.
Mais, il s’est félicité des conditions du déroulement des élections.
«L'opération électorale s'est déroulée dans des conditions normales. On ne saurait remettre en cause sa crédibilité», s’est réjoui, Amar Ghoul président de TAJ (Tajamouâa Amel El Djazair), parti dissident du MSP et proche du pouvoir (31 communes gagnées).
Tous ces partis ont émis des recours.