Washington Post: Le meurtre de Khashoggi, révélateur des méthodes de Bin Salman au pouvoir
"Le traitement brutal réservé aux réformatrices par l'Arabie saoudite aurait dû nous réveiller depuis longtemps", déclare la journaliste Sarah Aziz.
"Il aura fallu que le meurtre cauchemardesque de Khashoggi ait lieu pour nous éveiller à la nature du règne du prince héritier saoudien", a rapporté le "Washington Post".
Dans une tribune signée par la journaliste Sarah Aziz, sous le titre "Le traitement brutal réservé aux réformatrices par l'Arabie saoudite aurait dû nous réveiller depuis longtemps", le journal américain qui servait également de tribune au journaliste saoudien Jamal Khashoggi a jeté la lumière sur les pratiques du régime de Riyad envers les femmes activistes et les opposants.
"Cependant, le meurtre n'était que le prolongement de ce qui était devenu un modèle établi de répression brutale par le prince héritier", a souligné la journaliste.
Pour Aziz, le nombre croissant de preuves et la conclusion très confiante de la CIA impliquant le prince héritier, ont mis en doute l’avenir de ce dernier en tant que leader légitime.
"Ne reconnaissant pas la cruauté sans précédent de son attaque contre les prisonnières, la communauté internationale a manqué plusieurs occasions importantes de châtier le prince héritier - châtiment qui aurait été infligé des mois avant la mort de Khashoggi ", a-t-elle regretté.
La journaliste a, à cet effet, critiqué le silence de la plupart des médias occidentaux face aux exactions commises par Mohammed bin Salmane contre les activistes et les opposantes.
Ce silence a, estime-t-elle, encouragé le prince héritier à poursuivre sa marche vers le contrôle unilatéral de tous les pouvoirs dans le royaume.
"Même quand les groupes de défense des droits humains ont mis en garde contre une justice erronée en Arabie saoudite, la plupart des médias traditionnels ont préféré se concentrer sur le récit d'une ‘renaissance saoudienne’ dans laquelle un jeune dirigeant modéré venait d'accorder aux femmes le droit de conduire", a raillé la journaliste, pour qui la levée de l’interdiction de conduire fin juin ne fut qu’une célébration orchestrée par l’Etat saoudien.
Les militantes saoudiennes, a-t-elle rappelé, qui ont consacré des années ou des décennies à la cause des droits des femmes sont restées derrière les barreaux et le monde les a simplement laissées dépérir dans la mine de charbon du "nouvel" État saoudien du prince héritier.
Le meurtre de Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre a provoqué l'indignation internationale. Deux mois après le crime, le doute sur l’endroit du corps et sur le vrai commanditaire du crime continue d’entretenir la réprobation et l’indignation, suscitées notamment par l’aveu au bout de plusieurs versions contradictoires de Riyad.
La CIA a récemment annoncé qu'elle avait conclu que l'assassinat de Khashoggi a été commis sur "l'ordre direct de Mohammed bin Salman".
Mais Trump, qui a des liens étroits avec Riyad, a mis en doute le rapport de la CIA, tout en promettant de rester un "partenaire immuable" de l'Arabie saoudite.