Tunisie: Le remaniement ministériel proposé est conforme à la Constitution, selon Youssef Chahed

- Notre but est de redonner espoir aux Tunisiens, a déclaré le Chef du gouvernement face aux parlementaires réunis pour un vote de confiance de son cabinet largement remanié.

Tunisie: Le remaniement ministériel proposé est conforme à la Constitution, selon Youssef Chahed

Intervenant lundi devant l'Assemblée des représentants du peuple (ARP/parlement) à l'ouverture d'une séance plénière pour solliciter sa confiance aux nouveaux ministres et secrétaires d'Etat récemment nommés dans son cabinet, le Chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed, a fait valoir que le remaniement ministériel a été opéré conformément aux dispositions de la Constitution.

"J'ai décidé ce remaniement dans le respect total de la Constitution qui octroie au Chef du gouvernement une liberté absolue en la matière et pour lever l'ambiguité qui plane entre ceux qui soutiennent le gouvernement et ceux qui sont contre", a-t-il expliqué.

Il s'est, au passage, défendu d'avoir l'intention de porter atteinte au président Béji Caïd Essebsi, à travers la démarche empruntée pour décider ce remaniement, saluant du reste, la position exprimée par le chef de l'Etat qui a plaidé pour la suprématie de la Constitution.

"Nous n’avons pas songé même pas un instant à porter atteinte à la présidence de la République", a assuré Chahed en s'en prenant à "ceux qui cherchent à semer la discorde entre le chef du gouvernement et le président de la République" et en nmettent en exergue "le rôle historique du chef de l’Etat dans la transition démocratique en Tunisie".

Il a qualifié d'"irresponsables" les propos tenus par certains de ses détracteurs qui l'accusent de "complot".

Selon lui, "il n'y a pas de crise gouvernementale dans le pays, mais plutôt une crise politique due aux tiraillements entre les acteurs de la scène politique" qu'il a accusés d'avoir perturbé l'action du gouvernement.

Il a, dans ce contexte, soutenu que "la Tunisie a besoin aujourd'hui de stabilité politique pour surmonter les difficultés" auxquelles le pays est confronté en particulier au plan économique et social.

Après avoir rappelé l'état de déliquescence dans lequel se trouvait le pays au moment de sa prise de fonction en 2016 où tous les indicateurs étaient au rouge s'agissant surtout de la détérioration des finances publiques, le chef du gouvernement a mis en exergue "les acquis" réalisés depuis deux ans, notant, chiffres à l'appui, que ces indicateurs s'améliorent sensiblement et qu'ils commenceront à virer au vert à l'horizon 2020.

Il a esquissé le programme de son gouvernement pour la période à venir, en oeuvrant à maîtriser les déficits publics, de la balance commerciale et du déficit énergétique.

Il a, à ce sujet, noté que la Tunisie a subi "un choc pétrolier" lorsque le prix du baril est passé de 54 à 74 dollars causant un manque à gagner au budget de l'Etat de plus de 2.000 millions de dinars (684,5 millions de dollars). Pour relever ce "grand défi", il a fait état de projets visant à produire 30% des besoins énergétiques du pays en énergies renouvelables (solaire et éolienne) à l'horizon 2030.

Il a également placé comme l'une des priorités de son gouvernement la lutte contre la flambée des prix et l'inflation. "La nourriture et le gagne-pain du citoyen est une ligne rouge", a-t-il martelé.

Youssef Chahed s'est, par ailleurs, dit attaché à la démocratie et à garantir les libertés et les droits de l'Hommee. Il a insisté sur sa détermination à poursuivre "la guerre contre la corruption car, à ses yeux, "la démocratie ne peut pas coexister avec la corruption".

Il a prévenu que "cette guerre sera de longue haleine et difficile en raison des lobbies qui l'entravent", notant que la responsabilité n'en incombe pas au seul gouvernement, mais nécessite l'implication du pouvoir judiciaire, de la société civile et de tous les citoyens.

"Aujourd'hui, les Tunisiens ont besoin de reprendre confiance dans un Etat juste", a-t-il souligné.

Le chef du gouvernement a conclu en lançant un appel à toutes les parties prenantes pour "assainir le climat politique, assurer la stabilité et unir les rangs afin de garantir la réussite des échéances électorales prévues en 2019", en s'engageant à ce que le gouvernement "fera tout ce qui est en son pouvoir" à cet effet.

Il a ensuite présenté les 14 ministres et les cinq secrétaires d'Etat pour lesquels il requiert un vote de confiance du parlement.

Le président de l'ARP, Mohamed Ennaceur a ensuite cédé la parole aux députés pour débattre du remaniement ministériel à l'ordre du jour.

Les premières interventions ont oscillé entre partisans du gouvernement, notamment les députés du mouvement islamiste Ennahdha (68 députés) et du parti Machrou' Tounes de Mohsen Marzouk, et ses détracteurs dont ceux du Front Populaire et du Courant démocratique (opposition). Les élus du mouvement Nida Tounes (51 députés) dirigé par Hafedh Caïd Essebsi (fils de l'actuel président) ont boycotté la séance la jugeant "inconstitutionnelle".

Au cours du débat qui devrait se poursuivre jusqu'à la soirée vu le grand nombre d'orateurs inscrits sur la liste des intervenants, les avis des députés étaient partagés au sujet de la nomination de René Trabelsi, un Tunisien de confession juive nommé ministre du Tourisme. Certains ont soutenu sa candidature en tant que citoyen tunisien ayant les mêmes droits que tous les autres citoyens, indépendamment de sa religion. D'autres en revanche, se sont déclarés contre en le taxant d'être "proche du sionisme".

Pour obtenir la confiance du parlement, les nouveaux membres du gouvernement ont besoin de la majorité absolue, soit 109 voix sur un total de 217 députés que compte l'institution parlementaire, chose qui semble à priori acquise eu égard aux blocs qui soutiennent le gouvernement.