Tunisie : «Dar Zaghouan», havre de paix au pied de la montagne
Le tourisme, c’est bien. Le tourisme vert, c’est encore mieux. C’est ce que vous diront les hôtes de « Dar Zaghouan » (la maison de Zaghouan), premier gîte rural écologique en Tunisie.
Blotti au pied d’une majestueuse montagne située à une cinquantaine de kilomètres de Tunis, « Dar Zaghouan », qui a ouvert ses portes il y a dix ans, se veut un lieu de villégiature responsable, contribuant à la protection de l'environnement et au bien-être des populations locales, en consacrant le principe de l’éco-tourisme.
Si l’eco-tourisme, reste un secteur plutôt jeune en Tunisie, il suscite cependant de plus en plus l’intérêt des visiteurs locaux et étrangers qui veulent préserver la nature pour les générations futures.
- Dar Zaghouan, où le tourisme vert à la tunisienne
Une allée en pavé scinde en deux un champ d’amandiers, où quelques fleurs s’offrent encore aux yeux des visiteurs, en cette journée de doux hiver. Les poules se promènent en toute quiétude, et l’eau coule paisiblement d’une fontaine rustique.
Derrière le potager bio et la fontaine d’eau, trône un chalet en bois écologique, perché au premier étage.
Ici et là, des chambres d’hôtes, suites, chalets, qui donnent sur la ferme, les plaines et le mont de Zaghouan. Une vue panoramique imprenable, bien loin de la pollution des villes.
Les suites, nous indique notre jeune guide, étudiant en tourisme, se veulent un hommage à toutes les civilisations qui se sont succédées en Tunisie.
Style ottoman, andalous, berbère, colonial…. Chaque chambre est une ode à l’Histoire, à l’instar de la suite dite du « Bey », (dynastie des Husseinites qui ont acquis une quasi-indépendance vis-à-vis de de leur suzerain le sultan ottoman), véritable voyage dans le temps.
Un grand lit traditionnel paré de dorures, sculptures et armoiries raffinées, constituent les pièces maîtresses de cette chambre « meublée à l’ottomane ». Dans le grand salon, trône un immense portrait du bey, en tenue d’apparat.
A quelques mètres de là, « la salle du coiffeur », précise le guide, où se trouve une véritable collection d’outils anciens nécessaires au métier.
La chambre, située au rez-de-chaussée, donne sur une piscine alimentée en eau de source naturelle amenée en aqueduc miniature.
Un peu plus loin, une vaste ferme regroupe une écurie, une étable et un poulailler. Les paons y côtoient les chevaux, les oies, les dindons etc.
Pour les amoureux du « bio » ; la ferme est un vrai régal, nous dit-on. Un restaurant traditionnel où l’on peut déguster une cuisine de terroir, propose des plats frais chaque jour.
Le petit déjeuner typique, est, lui aussi, un bonheur pour les papilles. Thé parfumé au romarin, lait frais, beurre de ferme, confiture maison, pain traditionnel servi avec huile et olives faites au sein même de la ferme…
Les plus gourmands, se réjouiront des ateliers de « Kaak Ouarka » à l’églantine (spécialité du village andalou de Zaghouan) fait maison.
« Chaque jour c’est une nouvelle tournée, chaque jour c’est tout frais ! », nous lance, dans un sourire, une des pâtissière de la ferme.
Ceux qui le désirent peuvent aussi se caler devant la cheminée, un livre à la main, ou alors profiter de l’animation « darbouka » (instrument de percussion), ou du bain maure, tout écolo.
Pour les aventuriers et amoureux de la verdure, il y a, à quelques kilomètres du site, un mont, qui s’élève à 900 mètres, et qui se compose de sentiers de randonnées, d’un musée écologique, d’une pépinière d’églantiers. Et à son sommet : Sidi Bougabrine, qui veille sur les environs.
Plus bas, la ville andalouse de Zaghouan, et ses nombreuses fontaines, son célèbre mausolée et sa mosquée ibadhite, les temples d’eaux ou encore les villages berbères aux alentours….
Loin de la ville et de sa pollution, Dar Zagouhan, où se conjuguent histoire, culture et art de vivre à la tunisienne, se veut, non seulement un lieu d’évasion, mais aussi la lance de fer du tourisme alternatif qui se développe ces dernières années dans le pays.
Un intérêt favorisé par une stratégie nationale visant à diversifier le produit touristique, tout en protégeant les ressources naturelles du pays et en les mettant en valeur.
Même si le tourisme tunisien a enregistré un net recul provoqué par la situation sécuritaire dégradée, de ces dernières années, l’économie verte pourrait être une solution à la crise.
La Tunisie compte en effet pas moins de 44 réserves naturelles à grand potentiel à même de propulser l’éco-tourisme dans le pays et d’optimiser son apport.
Des potentialités qui attendent, toujours, les investissements nécessaires, notamment, pour réhabiliter les zones où elles se trouvent et améliorer ou construire l’infrastructure nécessaire pour faciliter l’accès des touristes.