Togo : Législatives dans un mois ?
- Des législatives doivent se tenir au Togo le 20 décembre 2018 pour renouveler le parlement et tourner la page d'une crise politique qui dure depuis déjà 14 mois.
Alors que la commission électorale progresse dans ses préparatifs des législatives du 20 décembre prochain, pour renouveler le parlement togolais, des incertitudes planent au sujet de la tenue ou non de ce scrutin, compte tenu de la tension entre le pouvoir et l’opposition à cause de plusieurs points d’achoppement.
Ce scrutin, les facilitateurs chargés de résoudre la crise togolaise, les présidents ghanéen et guinéen, Nana Ado Akufo et Alpha Condé, le veulent inclusif pour garantir sa crédibilité et sa transparence.
Alors qu’en toute sérénité, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) s’organise pour la tenue effective de ces élections à cette date du 20 Décembre 2018, conformément à la feuille de route de sortie de crise de la Commission économique des Etats d’Afrique de l’ouest, (Cedeao), opposition et société civile togolaise continuent de contester les conditions de son organisation et réclament une « reprise pure et simple de tout le processus ».
Pour eux (Coalition des 14 partis de l’opposition, et OSC notamment le front citoyen Togo debout, ou encore Espérance pour le Togo), le processus électoral se déroule en «totale violation de la feuille de route de la Cedeao» et «sans réformes il n’y aura pas d’élections».
Cette feuille de route du 31 juillet prévoit, en effet, des législatives le 20 décembre 2018 avec un processus inclusif dirigé par une Commission électorale paritaire (8 membres représentant le pouvoir et autant pour l’opposition).
Or, avant ces élections, la feuille de route prévoit des réformes constitutionnelles portant limitation du mandat présidentiel à 5 ans renouvelable une fois, des réformes institutionnelles notamment de la Cour constitutionnelle et sa recomposition, de la Commission électorale, des prérogatives du Premier ministre etc…
Pour le camp contestataire, «tant que ces réformes ne sont pas réalisées, il n’y aura pas d’élections le 20 décembre». Des déclarations qui font craindre la violence.
S’agissant de l’organisation inclusive du scrutin législatif, il est à noter que les représentants de la coalition des 14 partis de l’opposition togolaise déjà nommés par l’assemblée nationale, il y a moins de deux semaines, refusent toujours de prêter serment pour siéger à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), accusant la Cedeao, «de ne pas être suffisamment regardant vis-à-vis du pouvoir dans l’application de la feuille de route du 31 juillet».
"Nous avons l'impression que tout est fait pour nous conduire aux élections, et ce n'est pas ce que veulent les Togolais", a confié récemment à Anadolu, Jean Pierre Fabre, chef de file de l'opposition togolaise.
La Ceni, dans ce cadre, vient de boucler le dépôt des candidatures pour les législatives, le recensement électoral, et l’audit du fichier est encore en cours par des experts électoraux de la Cedeao. Des étapes du processus que la coalition a boycottées.
S’agissant des réformes, la commission de la Cedeao avait confié à l’expert constitutionnaliste Alioune Badara Fall de proposer une formulation qui corresponde aux meilleures pratiques de la sous-région ouest-africaine en respectant les exigences de la feuille de route.
Le rapport de l’expert a été rendu le 12 novembre. La Commission de la Cedeao l’a jugé conforme au cahier des charges dans un communiqué en date du 18 novembre.
Après la reprise des manifestations de rue par l’opposition togolaise, samedi dernier, envoyant une vive protestation à la Cedeao au sujet de la date du 20 décembre, et vu qu’une grande partie de la population, y compris les leaders de l’opposition ne se sont pas encore fait recenser, la tension entre le gouvernement togolais et l’opposition togolaise est de nouveau très vive.
De sérieux doutes existent, ainsi, à un mois de la date butoir, au sujet des législatives s’ils se tiendront ou non.
L’Union Européenne a encore appelé mardi 20 novembre à l’occasion du 19e dialogue UE-Togo à privilégier la voie du dialogue pour régler la crise togolaise.
«Un test incontournable pour la vitalité de toute démocratie réside dans la tenue des élections régulières, transparentes et crédibles», a rappelé Mme Cristina Martins Barreira, chef de délégation de l’UE au Togo.