Tchinguiz Aïtmatov, figure emblématique de l'identité kirghize
- Pour la population Kirghize, l’écrivain est un héros national qui a joué un rôle clé dans la construction de leur identité.
Né le 12 décembre 1928, à Sheker, dans la République socialiste soviétique kazakhe en Union Soviétique (URSS), Tchinguiz Aïtmatov était la voix du peuple kirghize pendant la période soviétique.
Considéré comme une figure importante au regard de la création de l'identité nationale kirghize, il a dépeint les coutumes et la vie nomade du pays à travers ses nombreuses œuvres littéraires.
Pour le peuple kirghize, deux héros représentent leur nation: d’un côté, le poème épique "Manas" et de l’autre l’écrivain kirghize, Aïtmatov.
En 1959, Aïtmatov a rejoint le parti communiste de l'URSS. Plus tard, il est devenu l’ami et un conseiller de Mikhaïl Gorbatchev, président de l'Union soviétique jusqu'en 1991.
"Une personne qui est décédée était proche de nous tous", partageait Gorbatchev à la mort de l’auteur.
Après l'indépendance du Kirghizistan, Aïtmatov est devenu l’ambassadeur du Kirghizistan auprès de plusieurs pays européens ainsi que le porte-parole de son pays natal au sein de l'Union Européenne, l'OTAN et l'UNESCO (1994-2006).
Alors qu’il n’avait que neuf ans (1937) le père de l’auteur, fonctionnaire accusé de nationalisme bourgeois par le dirigeant soviétique, Joseph Staline, est arrêté puis exécuté.
Marié à Maria Urmatova, avec laquelle il a eu trois fils et une fille, Aïtmatov est décédé le 10 juin 2008 à Nuremberg en Allemagne.
Dans la grande majorité de ses oeuvres, l’écrivain a retranscrit l’ensemble des traditions kirghizes selon la doctrine du réalisme socialiste.
Après avoir écrit de nombreuses oeuvres dans sa langue natale, il a, au milieu des années 1960, progressivement entamé des écrits en russe.
Diplômé en 1958 de l'Institut Gorki à Moscou, Aïtmatov a publié la même année son roman Djamilia, à qui il doit sa renommée internationale.
Djamilia, traduit en français par le poète et romancier Louis Aragon qui écrivait dans sa préface qu’il s’agit de "la plus belle histoire d'amour du monde", a remporté le prix Lénine en 1963.
Les romans d’Aïtmatov ont été traduits dans 150 langues.
En 1968, son roman intitulé "Adieu Goulsary" a remporté le prix de l’Etat.
A l’issue de l’effondrement de l'Union soviétique en 1991, les œuvres d’Aïtmatov sont devenues plus populaires en Occident. Certaines d’entre elles ont fait l’objet d’adaptation cinématographique.
En 1978, son oeuvre "La fille au foulard rouge" est adapté au cinéma turc sous le titre "Ma bien aimée à l’écharpe rouge".
Parmi ses œuvres majeures se trouvent notamment "Djamilia" (1958), "Le premier maître" (1962), "Adieu, Goulsary" (1966), "Il fut un navire blanc" (1970), "La fille au foulard rouge" (1970), et "Une journée plus longue d’un siècle" (1980).