RDC/ONU: Des crimes contre l’humanité sont commis au Kasaï depuis 2016 (rapport)
- Les forces de l’ordre et des milices sont impliquées.
Des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité sont commis depuis 2016 au Kasaï (Centre de la République démocratique du Congo) a affirmé le Conseil des droits de l’homme de l’ONU basé à Genève, selon un communiqué rendu public mardi.
Ces crimes ont été commis par les forces de défense et de sécurité congolaises ainsi que par la milice Kamuia Nsapu et les milices Bana Mura, selon les experts de l’ONU mandatés par le Conseil des droits de l’homme qui ont élaboré un rapport suite à une enquête dans la région du Kasaï.
Les forces congolaises et les milices « ont délibérément tué des civils, dont nombre d’enfants, et commis des atrocités à l’encontre de la population civile, notamment des mutilations, viols et autres formes de violences sexuelles, tortures, et exterminations », détaille le communiqué.
« Certaines exactions peuvent être qualifiées de persécution pour des motifs ethniques », explique le communiqué, ajoutant que : « les crimes et destructions continuent de se produire deux années après le début du conflit, continuant de provoquer le déplacement des populations, et des femmes continuent d’être réduites en l’esclavage ».
Bacre Waly Ndiaye, président de l’équipe d’experts ayant mené l’enquête, a exprimé son étonnement de voir ce désastre perdurer sans attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale.
« Nous sommes choqués par la situation désastreuse qui a coûté la vie à plusieurs milliers de personnes et qui perdure dans la région sans attirer l’attention ni au plan national ni international », a-t-il déclaré dans le communiqué.
Il a, ainsi appelé la justice de se saisir du dossier avant que la situation ne s’aggrave davantage.
« Il est grand temps que la justice mette fin à l’impunité de ces crimes si l’on ne veut pas que la dimension ethnique de ce conflit ne s’aggrave encore », a-t-il prévenu.
Environ 1,4 million de personnes ont été contraintes à se déplacer et 3,2 millions autres continuent de souffrir d’insécurité alimentaire sévère à cause de ce conflit, alerte l’instance onusienne.
Dans ses recommandations, l’équipe d’experts insiste sur l’urgence de désarmer les milices et de lancer un processus de réconciliation pour éviter une nouvelle vague de violences.
« L’Équipe d’experts internationaux demande que soit urgemment mis en place une politique de désarmement des milices ainsi qu’un processus de réconciliation afin d’éviter une nouvelle vague de violences et de permettre le retour des déplacés et réfugiés », peut-on lire dans le communiqué.
L’ONU recommande également aux autorités congolaises de juger les auteurs et de renforcer les capacités des organes d’enquête pour qu’ils puissent mener les poursuites nécessaires, y compris à l’encontre des hauts responsables impliqués.
Pour rappel, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a décidé de dépêcher une équipe d’enquête en République démocratique du Congo, suite au déclenchement d’une vague de violence depuis 2016.
La résolution du Conseil 35/33 a été prise le 23 juin 2017 et les experts ont été mandatés pour une année.
Ils viennent juste de rendre leur rapport, après s’être entretenus avec 524 victimes, témoins, auteurs présumés et autres sources.
Le Kasaï est situé au Centre de la République démocratique du Congo. Il est principalement peuplé par des opposants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Et il fait partie des régions les plus marginalisées de la RDC.
Selon le communiqué du Conseil des droits de l’homme, les violences dont souffre cette région sont, ainsi, liées en partie au mouvement anti-Joseph kabila qui est resté au pouvoir après l’expiration de son mandat en décembre 2016.