RDC/Elections: Les Congolais "craignent le pire"

-La situation demeure tendue à deux jours des élections prévues dimanche

RDC/Elections: Les Congolais "craignent le pire"

Marie Josée Ifoku, unique femme candidate à la Présidentielle congolaise prévue dimanche, n'a pas battu campagne en dehors de la capitale Kinshasa.

Comme beaucoup d'autres candidats et de citoyens, Ifoku ne se fie pas au processus en cours.

"Nous allons droit vers le chaos. Nous voulons participer à des élections dont le nom du vainqueur est déjà connu", déplore la candidate de 53 ans dans une déclaration à Anadolu.

Jérôme Kawa, conducteur de taxi à Kinshasa s'attend lui aussi au pire. "Je me prépare au chaos, c'est clair que personne n'acceptera les résultats des urnes", a-t-il déclaré à Anadolu.

Une crainte partagée par William, homme d'affaires qui dit être dans l'expectative. "Je réduis déjà mes affaires dans le pays jusqu'à la fin de ce processus électoral qui augure d'être sanglant", explique-t-il à Anadolu.

La campagne électorale lancée le 22 Novembre dernier pour une durée de 30 jours a, d'ailleurs, été émaillée de violences. Une dizaine de civils ont été tués lors des rassemblements de l'opposition dans plusieurs villes, selon l'Association congolaise pour l'accès à la Justice (ACAJ).

Face à ce contexte tendu et en prévision d'une éventuelle dégradation de la situation sécuritaire, des représentations diplomatiques dont celles des Etats-Unis, des Pays-Bas et de la Turquie ont recommandé à leurs ressortissants se trouvant en RDC de quitter le pays jusqu'à la fin du processus électoral et à ceux qui prévoient de s'ys rendre de reporter leurs déplacements.

Contexte tendu à deux jours des élections

En effet, le pays s'achemine vers ces élections dans un contexte particulièrement tendu alors que la Commission électorale indépendante vient d'annoncer mercredi le report des élections dans trois circonscriptions électorales de l'est et de l'ouest du pays, à cause de la situation sécuritaire et sanitaire "dégradées ".

Une décision contestée par l'opposition qui a appelé à observer une journée ville morte vendredi.

Les trois circonscriptions concernées par cette décision, à savoir Beni et Butembo dans l'est et Yumbi dans l'ouest comptent environ 1,2 million d'électeurs qui ne vont, finalement, pas élire le successeur de Kabila. La Commission électorale ayant prévu d'organiser seulement les Législatives et les Provinciales en mars 2019 dans ces circonscriptions.

Le candidat de la coalition au pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary, n'a d'ailleurs pas battu campagne dans ces entités acquises à l'Opposition.

Par ailleurs les machines à voter qui seront utilisées lors de ces scrutins continuent de faire l'objet de controverses. Bien qu'elle a fini par accepter le recours à ces machines, l'opposition et certaines organisations de la société civile, n'en pensent pas moins que ces machines véhiculent " des outils de fraude" qui risquent de fausser les résultats.

Pour les élections du 30 décembre, la CENi a prévu 105 000 machines dont 8 000 ont été détruites lors d'un incendie qui a frappé le 13 décembre un entrepôt de la centrale électorale à Kinshasa.

Par ailleurs, le fichier électoral comprend, plusieurs millions d'inscrits sans empreintes digitales, selon un rapport publié fin mai par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

l'Opposition considère ces électeurs comme des voix fictives destinées à gonfler le score du candidat de la coalition au pouvoir.

Shadary , Tshisekedi et Fayulu , les trois favoris

Sur les 21 candidats en lice, seuls trois sont favoris et ont battu campagne. Soutenu par le front commun pour le Congo (FCC), plateforme électorale lancée par le président Joseph Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary a battu campagne dans les 26 provinces congolaises.

L'opposition et la société civile l'accusent de profiter des moyens de l'Etat pour sa campagne. Bien que favori , Shadary a été placé en dernière position par les sondages des dernières semaines.

Chef du plus grand parti d'opposition, Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Félix Tshisekedi fait également partie des favoris. Il est soutenu par l'ancien président de l'assemblée nationale Vital Kamerhe et Kin-Nkiey Mulumba, deux des 21 candidats en lice.

Martin Fayulu est quant à lui la candidat qui recueille le plus de soutien dans les rangs de l'opposition. Sa candidature et portée par les opposants Jean Pierre Bemba , Moise Katumbi , Adolphe Muzito , Frddy Matungulu et d'autres candidats en lice.

Cette présidentielle reportée, trois fois, depuis décembre 2016, devra consacrer le premier transfert démocratique du pouvoir dans ce pays indépendant depuis 1960.

Près de 40 millions d'électeurs seront appelés aux urnes pour élire leur nouveau président, les 500 députés de l'Assemblée nationale et les 780 députés pour les 26 Assemblées provinciales du pays.