RDC : Etienne Tshisekedi n'est plus, son parti UDPS aussi !
- Le décès du «Sphinx de Limete» a consacré l’explosion de sa formation politique (UDPS). La guerre a bien éclaté lors de la restructuration du rassemblement de l’opposition qu’il dirigeait avant de mourir
Il fut le principal opposant de l’histoire de la République démocratique du Congo. Mort il y a plus d’un an, le président national de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) Etienne Tshisekedi semble avoir emporté avec lui l’âme de son parti politique.
Aussitôt après sa mort, l’UDPS, vieux parti politique de l’opposition a été morcelé et chacun de ses ailes se dit détenir, aujourd’hui, l’héritage du patriarche Etienne Tshisekedi.
De l’«UDPS branche de Limete» à l’«UDPS branche de Tshibala», tout le monde prétend avoir le bâton de pèlerin du principal parti politique de l’opposition en RDC (l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS), dont le leader charismatique Etienne Tshisekedi, est mort en février 2017 à Bruxelles.
«Les désaccords ne sont plus à cacher, l’UDPS est bel et bien divisée et c’est très clair depuis la disparition de son président-fondateur», déplore Kajibwami Kikusa, fan d’Etienne Tshisekedi.
Joint par Anadolu, cet ancien enseignant septuagénaire fustige le fait que chacun des collaborateurs de feu Etienne Tshisekedi veut se positionner comme héritier de son combat pour la démocratie, «un combat qui date de longtemps bien-sûr», rappelle-t-il.
En effet, le décès du «Sphinx de Limete» a consacré l’explosion de sa formation politique (UDPS). La guerre a bien éclaté lors de la restructuration du rassemblement de l’opposition qu’il dirigeait avant de mourir.
La guerre de succession…
Aussitôt après la mort de l’éternel opposant Etienne Tshisekedi, ses héritiers se sont livrés à un antagonisme, où chacun revendique porter son héritage.
Son ancien compagnon de lutte, Bruno Tshibala est par exemple, aujourd’hui, à la tête d’une fronde de l’UDPS, après avoir été exclu de ce parti. Pour cause, il s’était opposé à la nomination de Felix Tshisekedi, fils d’Etienne Tshisekedi, à la tête de la principale plateforme de l’opposition.
Malgré cela, Bruno Tshibala se présentait toujours comme membre et l’un des anciens de l’UDPS. Nommé par le président Joseph kabila en avril 2017, il a ainsi accepté de devenir Premier ministre du régime en place, jugé illégitime.
Cependant, la branche UDPS de Limete (siège du parti depuis le vivant d’Etienne Tshisekedi) avait décrié cette nomination, car accusant l’aile UDPS de Bruno Tshibala d’avoir abandonné l’idéologie ‘Tshisekediste’, estimant que ceux qui ont accepté de travailler avec le pouvoir en place, ne sont plus de la vraie UDPS: « Bruno Tshibala n’est plus à l’UDPS… qu’il crée son propre parti politique», a dit d’un ton ferme, Jean-Marc Kabund, secrétaire général de l’UDPS « aile de Limete », intervenant dans une émission-radio Top-Congo de Kinshasa.
Incriminé, l’actuel premier ministre Bruno Tshibala a, malgré lui, organisé en novembre 2017 un conclave de son «aile UDPS» pour, disait-il, ramener les brebis égarés et appeler au retour à l’ordre au sein de cette formation politique. Visiblement, cela n’avait pas abouti.
À chacun son « UDPS »
Le parti de feu Etienne Tshisekedi apparaît plus divisée et chaque aile se réclame aujourd’hui être la vraie « UDPS ».
La branche UDPS «aile de Limete» que dirigent simultanément Jean-Marc Kabund et Felix Tshisekedi, le fils d’Etienne Tshisekedi semble, en effet, la plus légitime.
Plus question de sauver les apparences, indique un analyste politique joint par Anadolu : « la dissidence que connaît l’UDPS est clairement visible, au point qu’aujourd’hui il y a encore des dissensions perceptibles même au sein des deux principales branches de l’UDPS» révèle Shopper Kasiki.
Il affirme que cela est dû à la course aux postes officiels au sein du gouvernement en place: «finalement, chacun aura son UDPS», ironise Shopper Kasiki.
Pour lui, cela prouve à suffisance que le principal parti politique de l’opposition peine à survivre : «l’UDPS risque de disparaître comme son leader éclairé» prévient l’analyste, montrant qu’actuellement le parti d’Etienne Tshisekedi, divisé, peine à mobiliser.
«Seule, l’église catholique garde du poids aujourd’hui», conclut le politologue et analyste indépendant Shopper Kasiki, reconnaissant tout de même que l’UDPS a depuis bien longtemps, joué un rôle important pour le succès de la démocratie en République démocratique du Congo.
Créé en février 1982 pour s’opposer au régime de feu président Mobutu dit : «le dictateur», le parti politique d’Etienne Tshisekedi (UDPS) a célébré son 36ème anniversaire le 15 février 2018.
Reconnu par son endurance contre le mal et son entêtement dans la lutte pour la démocratie, Etienne Tshisekedi a cheminé avec «son UDPS» jusqu’à l’âge de 84 ans, avant de mourir d’une embolie pulmonaire le 1er février 2017 à Bruxelles où il était hospitalisé.
Jusqu’à l’heure, la dépouille de l’éternel opposant n’a toujours pas regagné sa terre natale, suite à des embarras politiques.
Triste est l'histoire d'un opposant et de son parti !