Présidente du CCF de l'OCI: «Les femmes et les enfants, premières victimes de la décision de Trump»

- «Ce sujet n’est pas une affaire que l’on peut instrumentaliser de façon irresponsable à des fins de politique interne», a critiqué Esra Albayrak.

Présidente du CCF de l'OCI: «Les femmes et les enfants, premières victimes de la décision de Trump»

La présidente du Conseil consultatif de la Femme (CCF) de l’Organisation de Coopération Islamique (OCI), Esra Albayrak, a souligné que les premières victimes du processus enclenché par le président américain Donald Trump, en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël, seraient les femmes et les enfants. 

Esra Albayrak, qui accordait une interview accordée, à l’agence Anadolu, a indiqué que l’une des principales missions du Conseil consiste à sensibiliser et à lutter contre l’islamophobie qui porte atteinte à l’image des femmes musulmanes. 

«Le Conseil s’est réuni pour la première fois en mai 2016 à Istanbul. Son champs d’action est divisé en trois secteurs principaux qui englobe le monde musulman et son conseil d’administration est composé de neuf femmes élues pour un mandat de deux ans», a-t-elle précisé. 

Créé sur initiative du président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, lors du sommet de l’OCI de 2016 à Istanbul, le CCF, rappelle Albayrak, que l’objectif de cette structure était de renforcer le rôle de la femme dans les pays musulmans, d’intensifier sa participation dans les processus politiques et économiques et de lui permettre d’occuper des postes à responsabilités. 

- «Les États-Unis sont dépourvus désormais de la légitimité du médiateur» 

Albayrak a indiqué avoir accueilli la nouvelle de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël avec « tristesse et effroi », comme toute personne ayant une conscience, et avoir trouvé l’attitude du président américain Trump lors de l’annonce de la décision « totalement grossière ». 

«Ce sujet n’est pas une affaire que l’on peut instrumentaliser de façon irresponsable à des fins de politique interne», a-t-elle lancé avant de poursuivre: «On tente de faire accepter au peuple palestinien et au reste du monde, une décision prise unilatéralement au sujet de Jérusalem, dont le statut est régi par des résolutions des Nations Unies et pour lequel il existe un consensus au niveau international ». 

« Malgré les résolutions des Nations Unies, le monde entier demeure observateur face à une occupation systématique des Territoires palestiniens », a-t-elle ajouté. 

Elle a relevé que cette déclaration « irresponsable » faite par le président américain semble être une manœuvre pour conférer de la légitimité à cette occupation tacite. 

Avec cette décision, a-t-elle poursuivi, qui ignore les Nations Unies, les Palestiniens et les Musulmans, les États-Unis ont démontré, une fois de plus, leur approche « partiale » face à la plus profonde crise qui secoue le Moyen-Orient et de fait montré qu’ils n’étaient plus légitimes pour assumer le rôle de médiateur. 


« Le terme utilisé par le président américain pour désigner Jérusalem, la ville sacrée pour les trois religions monothéistes, comme ‘capitale éternelle des Juifs’ est de nature à blesser voire même provoquer, en plus des Musulmans, les Chrétiens », a-t-elle lancé. 


«Les premières victimes seront les femmes et les enfants» 

Albayrak a rappelé que la ville sainte de Jérusalem, où se trouve al(-aram al-Sharif, fut la première qibla de l’Islam avant de souligner que les premières victimes de l’impasse dans laquelle on veut enliser la question palestinienne seraient, comme c’est le cas dans tous les conflits, les enfants et les femmes. 

«Ce sont les femmes et les enfants qui paieront le prix fort de ce processus enclenché par le président américain Donald Trump en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël. La Communauté internationale, qui a une dette envers les palestiniens, femmes et enfants, dont les droits fondamentaux ont été bafoués, doit stopper ce processus.», a-t-elle insisté. 

Albayrak a rappelé qu'ils ont rassemblé les jeunes souhaitant contribuer à l'avenir de leur pays, en provenance de cinquante pays musulmans, dans le cadre des programmes de leadership et d'entrepreneurship pour les jeunes femmes, intitulés «Ally For Future». 

«J'estime que nous pouvons faire davantage d'efforts pour les Palestiniennes, a déclaré Albayrak. 

« Nous, les femmes du monde musulman, avons compris que nous devons nous connaître et renforcer l'esprit de solidarité par la suite, afin de pouvoir renforcer les liens de notre fraternité. Pour ce faire, accroître les capacités des jeunes à identifier des solutions aux problèmes, quels que soient les contextes politiques et sociaux dans lesquels ils vivent, est indispensable.», a relevé la présidente du CCF. 

Selon Albayrak, les Palestiniennes ont surtout besoin d'éléments fondamentaux, dont la sécurité et l'accès aux services sociaux. 
Pour assurer cela, les pays musulmans doivent assumer une mission importante, a-t-elle souligné.. 

«Ce n'est pas le moment de divergence ou de division, mais d'unité pour tous les peuples qui accordent une importance à la paix mondiale», a-t-elle insisté. 
-Appel aux Juives 

Les femmes juives ont elles aussi des tâches à accomplir. 

«Il est désormais un fait réel que les femmes jouent un rôle dans les processus de médiation, a poursuivi Esra Albayrak. 

«Je pense que les femmes doivent assumer plus de responsabilité dans le la construction rapide du processus de paix. Je sais, personnellement, que plusieurs fractions sont présentes au sein des Juifs, dont certains, ayant un sens de justice et de conscience, font des efforts, auprès de l'opinion publique occidentale, pour élever la voix contre les politiques d'occupation d'Israël », a-t-elle fait savoir. 

« Nous avons l'exemple du mouvement de ‘Je boycotte Israël pour la Palestine’. Ces mouvements doivent se renforcer et les Juifs doivent exercer plus de pression sur l'État d'Israël concernant ses décisions et démarches qui violent les droits de l'Homme», a-t-elle indiqué. 

Il est difficile de garder l'espoir ces derniers temps, mais les femmes pourront contribuer à surmonter tout cela grâce à leur bon sens, selon Albayrak. 
Elle a aussi noté qu'elle craint que les démarches de politique extérieure à court terme, visant à réaliser des profits de politique intérieure, forment une base qui puisse nourrir les organisations radicales. 

«Le monde occidental ne peut pas se permettre d'ignorer cela, a indiqué Albayrak. De nos jours, le terrorisme mondial et les organisations radicales font mal au monde entier. Les groupes d'individus désespérés sont les plus grandes sources de ces organisations. Nous ne devons plus autoriser cela.» 
Albayrak a assuré que les efforts se poursuivront pour que la paix soit de nouveau inscrite sur l'agenda mondial, que l'État d'Israël se retire aux frontières de 1967, qu'un État de Palestine soit créé avec Jérusalem-Est comme capitale, et que l'on assure de nouveau une vie sécurisée et pacifique, pour les femmes et les enfants palestiniens.