Mali : le colonel Assimi Goïta est désormais le premier dirigeant du pays

Le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) créé après le renversement du président Ibrahim Boubacar Kéita et la dissolution des institutions de l'Etat, mardi 18 août, est désormais présidé par le colonel Assimi Goïta, a-t-il annoncé dans une déclaration au médias, mercredi dans la soirée.

Mali : le colonel Assimi Goïta est désormais le premier dirigeant du pays


Il est le commandant du Bataillon autonome des forces spéciales du Mali (BAFS), une unité d’élite très discrète au sein de l’armée malienne.

Cet officier de l’armée, que les Maliens et la communauté internationale a vu pour la première fois sur les écrans de la télévision nationale du pays (ORTM) dans le journal télévisé de 20h (TU), mercredi, aurait participé à toutes les opérations ayant abouti à la démission du président Kéita et à la dissolution de l’Assemblée nationale.

Le colonel Malick Diaw et le colonel-major Ismaël Wagué, deviennent respectivement le vice-président et le porte-parole du CNSP.

Par rapport à la situation qui prévaut au Mali, les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur «profonde préoccupation», mercredi. Ils ont fermement condamné la mutinerie qui s'est produite à Kati (sur les hauteurs de Bamako) le 18 août 2020 et qui a conduit à l'arrestation du président de la République, du Premier ministre et de plusieurs membres du gouvernement par les mutins.

«Au Mali, le pouvoir doit être rendu aux civils et des jalons doivent être posés pour le retour à l’ordre constitutionnel. Le président Kéita, son Premier ministre et les membres du gouvernement doivent être libérés sans délai et leur sécurité garantie», a indiqué le communiqué publié à l’issue de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité sur la situation au Mali convoquée ce mercredi à huis clos à la demande de la France et du Niger.

Ils ont réitéré leur ferme soutien aux initiatives et aux efforts de médiation de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) au Mali et ont exprimé leur soutien aux deux communiqués de la Cedeao du 18 août 2020 ainsi qu'à celui du président de l'Union africaine qui ont condamné la mutinerie et exigé le rétablissement de l’ordre constitutionnel.

Suite aux événements survenus au Mali le 18 août, la Cedeao a suspendu le même jour le Mali de tous ses organes de décision avec effet immédiat, conformément au Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance, et ce, jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel.

La Cedeao a également décidé de la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que l’arrêt de tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières entre les pays membres de l’organisation (une mesure appliquée par la Côté d’Ivoire dès ce mercredi) et le Mali et invité tous les partenaires à faire de même.

Une Commission a été engagée à mettre en œuvre immédiatement un ensemble de sanctions contre tous les putschistes et leur partenaires et collaborateurs. 

Au plan national, le «coup d’Etat» a été condamné par des partis de la majorité présidentielle et du centre comme le Rassemblement pour le Mali (RPM, parti de l’ancien président Kéita), la Convergence pour le développement du Mali (CODEM), le Parti pour la renaissance nationale (PARENA) de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, Yèlèma de l’ancien Premier ministre Moussa Mara.

Ces formations politiques ont appelé la communauté internationale à œuvrer au «rétablissement de l’ordre constitutionnel».

Arrêté à son domicile, mardi, par des soldats mutins, le président Ibrahim Boubacar Kéita a été emmené au camp militaire de Kati où il a fait un discours télévisé pour annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale, sa démission et celle de son gouvernement aux environs de 00 heure.

Un peu plus de 2 heures après, le Colonel-major Ismaël Wagué (porte-parole des mutins) a annoncé à son tour à la télévision nationale la création du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) favorable à une transition civile et des élections crédibles.