Madagascar : Les Tananariviens « font du bruit » pour protester contre les kidnappings
« Aoka Izay » (Stop, ça suffit !) ; tel a été le mot d’ordre lancé jeudi, à l’occasion de la mobilisation citoyenne contre l’insécurité et les kidnappings à Antananarivo, capitale de Madagascar, qui a réunit plusieurs centaines de malgaches, a rapporté la correspondante de Anadolu.
Une mobilisation qui a connu un franc succès. A midi tapante, comme convenu dans une annonce médiatisée depuis plusieurs jours, des centaines de citoyens malgaches ont témoigné leur mécontentement de différentes manières : en faisant retentir les klaxons des voitures, en sifflant, en tapant sur des ustensiles de cuisine.
A priori, la mobilisation a séduit une grande partie des Tananariviens qui se sont prêtés au jeu avec grand enthousiasme pendant de longues minutes.
Georgette, une mère de famille de 60 ans et habitant à Tsarafaritra (quartier d’Antananarivo) figure parmi ses fervents citoyens. Un couvercle de marmite à la main gauche et une grosse cuillère à la main droite, elle n’a cessé de taper pour faire du bruit, le tout avec un sifflet à la bouche.
« J’adhère entièrement à cette initiative car j’en ai marre de l’insécurité et par ma participation, je tiens à interpeller les dirigeants. En ce moment, on ne peut sortir de chez soi sans craindre d’être agressé ou attaqué », déplore-t-elle dans une déclaration à Anadolu.
Comme elle, beaucoup de ses voisins ont suivi le rythme en tapant sur des ustensiles de cuisine. En un rien de temps, le quartier s’est transformé en une véritable caisse de résonance de bruits assourdissants.
Même ambiance dans d’autres quartiers de la Capitale, comme à Alarobia ou encore à Ankorondrano où les voitures en file indienne, ont klaxonné pour montrer leur solidarité avec les citoyens.
Initié par la société civile, plusieurs syndicats ainsi que le groupement des opérateurs malgaches, cette manifestation se veut être apolitique mais vise dans le même temps à interpeller les dirigeants.
Cette mobilisation coïncide avec le passage du Président de l’Inde Ram Nath Kovind qui achève son deuxième jour de visite officielle à Madagascar.
Les opérateurs économiques indiens étant principalement les victimes des kidnappings dans la Grande île.
Mais le phénomène gagne également les campagnes car les « Dahalo » (bandits des champs) optent de plus en plus pour ce genre de forfait.
Rien que pour cette année 2018, le pays enregistre plus d’une dizaine de kidnappings dont trois ont ciblé les ressortissants franco-indiens, selon des sources sécuritaires malgaches.
Un fléau qui handicape sérieusement le secteur économique car empêche la venue des investisseurs, relèvent les économistes.
L’année dernière, certains investisseurs indiens ont même décidé de quitter le pays pour l’île Maurice préférant « un lieu plus sécurisé ».
Les autorités malgaches n’ont pas encore commenté la journée de mobilisation.