L’opération «Rameau d’olivier» largement commentée par la presse internationale
- Le peuple turc soutient Erdogan dans sa lutte contre les organisations terroristes kurdes, note un média américain
L’opération «Rameau d’olivier» lancée par l’armée turque dans l’enclave d’Afrin du nord de la Syrie, pour protéger sa frontière contre la menace des organisations terroristes YPG/PKK… et Daech, est depuis son lancement largement commentée par la presse occidentale.
Malgré les critiques formulées à l’endroit de cette opération et les appels à «la retenue», lancés par les chancelleries occidentales, les médias mettent en exergue la détermination des autorités turques à «ne pas faire marche arrière».
Ils soulignent la résolution du président Recep Tayyip Erdogan de «tuer dans l’œuf» ce qu’il qualifie comme une «armée terroriste constituée par l’Amérique» et que «l’opération Rameau d’olivier continuera jusqu’à ce qu’elle accomplisse sa mission. Nos combats continueront jusqu’à ce que plus aucun terroriste ne reste, de notre frontière avec la Syrie jusqu’à notre frontière (de 910 kms) avec l’Irak».
«Etape par étape, nous débarrasserons notre pays jusqu’à la frontière irakienne de cette croûte de terreur qui essaye de nous assiéger», annonçait le leader turc.
La presse internationale relève, à cet égard, que l’offensive turque est survenue juste après l’annonce par la coalition internationale, menée par Washington, de la création d’une «force frontalière» de 30 000 hommes, composée notamment des milices de l’organisation terroriste YPG/PKK.
Le projet de cette force frontalière a suscité la colère d’Ankara qui voit, en effet, dans les YPG une extension en Syrie du PKK, qu’elle combat sur son propre sol, note le journal français La Croix.
Aussi, le premier ministre turc Binali Yildirim s’est-il interrogé : «un grand pays comme les USA possède une énorme armée, un énorme potentiel, a-t-il besoin d’organisations terroristes (pour ses opérations dans la région) ? C’est de l’hostilité pure et simple. La Turquie ne permettra pas cela, quelle que soit leur puissance et quel que soit leur nom».
Il a fustigé les Etats-Unis, déclarant «qu'il est stupéfiant et inacceptable (...) qu'un pays qui est censé protéger les frontières de l'OTAN apporte un soutien ouvert aux entités armées qui ciblent nos frontières».
«Cette opération est également un message fort envoyé par la Turquie aux Etats-Unis qui, en choisissant de s’appuyer sur les forces du [YPG/PKK] pour combattre l’Etat islamique en Syrie, ont sérieusement fragilisé leurs liens avec Ankara», souligne Ilter Turan, spécialiste des relations internationales à l’Université Bilgi d’Istanbul, cité par le journal français Libération.
«Et malgré quelques tentatives maladroites d’apaisement et d’appels à la retenue de la part des Etats-Unis, Ankara a maintenu son opération militaire»,.
«Il est clair que la Turquie accumule les pressions et ne laisse aucune marge de manoeuvre à Washington. L’administration Trump est obligée de transiger», ajoute Libération qui se fait l’écho de la tentative du conseiller américain à la sécurité nationale, HR McMaster de calmer la tension en reconnaissant les «intérêts légitimes» de la Turquie et assurer à son interlocuteur que les Etat-unis avaient cessé de fournir des armes aux [YPG/PKK]
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De son côté, le ministre américain de la Défense, Jim Mattis, a reconnu qu’Ankara avait prévenu Washington avant de lancer son offensive en admettant que les préoccupations sécuritaires turques étaient «légitimes».
Selon le site «Moon of Alabama», l’opération turque à Afrin a été, en fait, déclenchée par deux événements. Le plus important a été l’annonce par les États-Unis d’une occupation permanente du nord-est de la Syrie avec l’aide d’une «force de protection des frontières», composée de 30 000 hommes des Forces démocratiques syriennes (FDS) principalement des [YPG/PKK].
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«Les Etats-Unis n’ont pas consulté les Turcs avant d’annoncer leur décision et les Turcs ne trouvent évidemment pas drôle du tout qu’une «bande de terroristes», entraînée et armée par les États-Unis, contrôle un long tronçon de leur frontière méridionale. N’importe quel gouvernement turc serait obligé de prendre des mesures drastiques pour protéger le pays d’une telle menace stratégique», ajoute le média américain.
Le même média qualifie cet «échec de l’administration Trump», de «désastre».
Il en conclut que «les Etats-Unis ont fait preuve d’amateurisme. Ils ont ignoré les besoins de sécurité de la Turquie, leur alliée dans l’OTAN, et lui ont préféré une occupation illégale qui ne pourra pas durer du nord-est de la Syrie.
Le secrétaire d’État Tillerson a tenté de calmer les Turcs en affirmant que la «force de protection des frontières» n’était pas destinée à protéger la frontière. Les rapports émanant du terrain où ces forces sont entraînées prouvent que c’est un mensonge».
«Les Etats-Unis sont l'un des perdants de cette bataille, quels que soient les résultats, car la Turquie poursuivra ses opérations jusqu'à la défaite des [YPG/PKK], soit par des moyens militaires, soit si Afrin revient au contrôle du gouvernement central syrien», prévoit le média américain.
Et de renchérir : «c'est la fondation par les États-Unis d'un Etat [YPG/PKK] soutenu dans le nord-est de la Syrie qui est le problème de sécurité le plus sérieux d'Ankara. Aucune «zone de sécurité» ne sera utile si l'armée américaine continue de construire et fournit une «force frontalière» [YPG/PKK] capable de pénétrer dans le sud-est de la Turquie - maintenant, demain ou dans dix ans. À moins que les États-Unis n'arrêtent ce projet et se retirent de la région, la Turquie continuera de s'y opposer - si nécessaire par la force».
Pour le journal «Alterinfo», «Erdogan a bien des raisons de se méfier non seulement des [YPG/PKK], mais surtout des USA, qui ont tenté un coup d'État contre lui en 2016, refusé d'extrader son cerveau Fethullah Gulen et pour finir, encouragé les [YPG/PKK] à monter un État indépendant au nord de la Syrie qui aurait constitué une épée de Damoclès pour la Turquie. Ce qui fait beaucoup, surtout contre un de leurs alliés de l'OTAN».
La Grande-Bretagne avait, quant à elle, estimé samedi que la Turquie avait un «intérêt légitime» à assurer la sécurité de ses frontières.
«The Guardian» estime que l’implication de la Turquie avec les [YPG/PKK] syriens dans les zones frontalières pourrait conduire le président turc Recep Tayyip Erdoğan à un accord avec Damas et Moscou, ce qui est considéré par le magazine anglais comme «une catastrophe pour les Etats-Unis».
Quant au journal français «Le Monde», il constate que «les alliés occidentaux des [YPG/PKK] sont impuissants face à l’offensive turque».
Pour sa part, Le journal «Libération» met en avant la «situation délicate» dans laquelle se sont trouvés les Etats-Unis et l’OTAN, tandis que le ministère français des affaires étrangères a appelé Ankara à «la retenue», tout en reconnaissant que «La France est attentive à la sécurité de la Turquie, de son territoire et de ses frontières».
Des insinuations ont été avancées par certains médias occidentaux quant à de présumées visées expansionnistes d’Ankara.
Se référant aux diplomates américains, mais aussi français et britanniques, la chaîne «France 24» évoque ainsi «la dimension de l’opération turque et son extension géographique. En gros, l’intervention turque à Afrin, pour éviter que toute la frontière ne passe, côté syrien, sous le contrôle exclusif des [YPG/PKK], est admise. Il n’en irait pas de même si les opérations s’étendaient sur un plus vaste espace».
«L’opération ‘Rameau d’olivier’ entend détruire les bases [YPG/PKK] dans la région d’Afrin, titre le journal français La Croix qui souligne que «le but de l’armée turque est de neutraliser les positions de la milice des Unités de protection du peuple (YPG), considérée par Ankara comme un groupe terroriste, et de créer une « zone de sécurité » d’une profondeur de 30 km à partir de la frontière».
Le site Alterinfo note dans ce contexte : «une occupation d’Afrine n’est pas l’objectif des Turcs. Le but de la Turquie est de pulvériser le rêve du Rojava, une zone où [YPG/PKK]souhaitent instaurer un Etat contigu à la Turquie, le long du nord de la Syrie jusqu’à la Méditerranée».
Il cite à l’appui le ministre des Affaires étrangères turc Mevlut Cavusoglu qui a déclaré qu’«après les avoir nettoyés [YPG/PKK]), nous rendrons la région à ses vrais propriétaires, nommément, nous la rendrons aux Syriens.»
Des envoyés spéciaux de la radio RFI (Radio France Internationale), rapporte par ailleurs, que «dans le centre d’Azaz (une localité proche d’Afrin), des enfants agitent très opportunément des drapeaux turcs devant les caméras de télévision. Ils louent le président Erdogan pour son offensive sur les [YPG/PKK] d’Afrin».
Le journal Moon of Alabama fait observer que «le peuple turc soutient la lutte contre [YPG/PKK]soutenus par les Etats-Unis et est prêt à en payer le prix. Les dirigeants du [YPG/PKK]ont des exigences délirantes et surestiment leur propre position. Les Etats-Unis ne peuvent pas avoir les deux, la Turquie en tant qu'allié et un Etat mandataire [YPG/PKK]».