Libye: La politique migratoire de l'UE accablée par un nouveau rapport de HRW
D’après le rapport, cette politique contribue aux abus envers les migrants en Libye.
La politique migratoire adoptée par l’Union Européenne (EU) contribue au cycle d’abus subis par les migrants détenus en Libye, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié lundi.
Le rapport de 70 pages, intitulé « Un enfer sans issue : Les politiques européennes contribuent aux abus envers les migrants en Libye »), décrit une surpopulation extrême, des conditions insalubres, une malnutrition et un manque de soins médicaux adéquats pour les migrants détenus en Libye.
« Les migrants et les demandeurs d’asile détenus en Libye, y compris les enfants, sont piégés dans un cauchemar sans fin, et les actions des États européens perpétuent leur détention, au lieu de les évacuer de ces conditions abusives », a déclaré Judith Sunderland, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch.
« Les efforts cache-misère visant à améliorer les conditions et à faire sortir certaines personnes de détention ne dégagent pas l’UE de la responsabilité qui lui incombe pour avoir autorisé au départ ce système de détention barbare.
Après avoir visité certains centres de détention en Libye en juillet 2018, les chercheurs de Human Rights Watch rapportent que les demandeurs d’asile et les migrants vivent dans « des conditions effroyables, surpeuplées et insalubres ».
« Les hauts responsables des institutions et des pays membres de l’UE sont parfaitement au courant de la situation », souligne l’ONG.
« Nous sommes tous conscients des conditions épouvantables et dégradantes dans lesquelles certains migrants sont détenus en Libye », avait déclaré en novembre 2017 le commissaire européen à la Migration, Dimitris Avramopoulos.
L’Italie – le pays européen où arrivent la majorité des migrants partant de Libye – a pris l’initiative d’apporter une aide matérielle et technique aux forces des gardes-côtes libyens afin d’intercepter les embarcations des migrants.
« Le fait de permettre aux gardes-côtes libyens d’intercepter les gens dans les eaux internationales et de les ramener vers un traitement cruel, inhumain ou dégradant en Libye peut constituer une complicité ou une assistance dans la perpétration de graves violations des droits humains », a déclaré Human Rights Watch.
HRW plaide pour que les institutions et les États membres de l’UE imposent des critères de référence clairs en vue de l’amélioration du traitement réservé aux migrants et des conditions des centres de détention de Libye, et se préparer à suspendre toute coopération si ces critères ne sont pas remplis.
« Les dirigeants européens savent bien à quel point la situation en Libye est affreuse, mais continuent à apporter leur appui politique et matériel pour étayer un système pourri », a conclu Judith Sunderland. « S’ils veulent éviter d’être complices de graves atteintes aux droits humains, l’Italie et ses partenaires européens devraient repenser leur stratégie pour pousser réellement vers des réformes de fond et mettre fin à la détention automatique. »
Selon Amnesty International, plus de 7,000 migrants, réfugiés et demandeurs d’asile sont maintenus dans des centres de détention en Libye, sans savoir quand ils seront libérés, ni s’ils le seront un jour.