« Le sang des Rohingyas d’Arakan ne vaut pas moins que celui des Européens »

- « Ce qui se déroule en Arakan est l'exemple le plus explicite d'un nettoyage ethnique », Wajid Khan, député britannique au Parlement européen.

« Le sang des Rohingyas d’Arakan ne vaut pas moins que celui des Européens »

Ce qui se déroule en Arakan est l'exemple le plus explicite d'un « nettoyage ethnique », a confié Wajid Khan, député britannique au Parlement européen.

Affirmant que « le sang des Rohingyas d’Arakan ne vaut pas moins que celui des Européens », Khan a invité la communauté internationale à ne pas rester insensible à cette crise humanitaire. 

Récemment en visite dans les camps des réfugiés Rohingyas, dans la région de Cox Bazar au Bangladesh, Khan a fait part de ses observations à un correspondant Anadolu. 

Soulignant qu’à ce jour plus d'un million de réfugiés Rohingyas ont dû quitter l'Arakan pour le Bangladesh, depuis le début de la crise humanitaire, le député britannique a fait savoir que « 27 mille orphelins et 60 mille femmes enceintes luttent pour rester en vie ». 

« Il est extrêmement regrettable et dérangeant de témoigner des souffrances qu'ont subi les Rohingyas », a-t-il partagé. 

Attirant l'attention sur les aides humanitaires assurées dans la région par les organismes humanitaires, Khan a indiqué que les organisations turques, parmi les premières à s'être rendues sur les lieux, sont très actives dans les camps de réfugiés au Bangladesh. 

- Un nettoyage ethnique 

« Ce qui se déroule en Arakan est l'exemple le plus explicite d'un ‘nettoyage ethnique’. Il est bouleversant de voir, au 21 ème siècle, un gouvernement massacrer son peuple juste parce qu'il n'est pas bouddhiste mais musulman », a déploré Khan qui a qualifié les massacres des Rohingyas, perpétrés par le gouvernement du Myanmar ainsi que son armée, de « génocide ». 

Selon lui, le ministre des Affaires étrangères birman ainsi que la présidente, Aung San Suu Kyi, sont responsables des massacres commis, avant d'ajouter que la communauté internationale assiste au « plus grand drame humain depuis ce qui s'est passé au Rwanda en 1995 ». 

« Ces crimes contre l'humanité doivent absolument être sanctionnés. Il est impératif que les responsables soient jugés pour leurs crimes par le Tribunal Pénal International », a déclaré le député britannique, avant d'ajouter que le tableau actuel au Myanmar se compose d'individus torturés, de femmes violées et de villages incendiés. 

« Le sang des Rohingyas d'Arakan ne vaut pas moins que celui des Européens » 

La communauté internationale doit montrer que l'ensemble des responsables de la crise humanitaire paieront pour leurs actes, a commenté Khan qui a déclaré qu'il s'agit là d'un « devoir en tant que citoyen du monde ». 

Ce dernier a également attiré l'attention sur les efforts du peuple turc, soucieux des évènements en Arakan depuis le début de la crise. 

« Le sang des Rohingyas d’Arakan ne vaut pas moins que celui des Européens. Les Rohingyas souhaitent que la crise prenne fin plutôt que de recevoir des aides humanitaires », a confié le député britannique, selon lequel, toute oppression où qu'elle soit, doit engendrer la révolte de la communauté internationale. 

- « En tant que père, ces histoires me blessent réellement » 

« L'histoire d'une femme, qui a dû voyager pendant 15 jours et qui a perdu son enfant alors qu'ils traversaient la mer pour atteindre les camps de réfugiés au Bangladesh, m'a vraiment bouleversé », a partagé Khan, touché par les nombreuses histoires qu'il a entendu alors qu'il visitait les camps. 

« J'ai entendu beaucoup d'histoires concernant des femmes qui ont donné naissance à leur enfant sur les plages. Ces histoires me blessent vraiment, en tant que père d'enfants en bas âge», a t-il raconté. 

« Mon avenir est une obscurité complète », a rétorqué un enfant de 12 ans, réfugié dans le camp, à la question de Khan qui souhaitait découvrir ses attentes concernant son avenir. 

- Nettoyage ethnique des musulmans Rohingyas 

Depuis le 25 août 2017 à ce jour, 655 mille musulmans Rohingyas ont fui les violences et se sont réfugiés au Bangladesh, selon les dernières données de l'Organisation des Nations Unies (ONU). 

Alors que le nombre de musulmans Rohingyas vivant en Arakan s'élevait à 2 millions au cours des années 1970, ce nombre a progressivement diminué en raison des massacres systématiques qui ont contraint les Rohingyas à quitter le territoire. 

Aujourd'hui, moins de 350 mille Rohingyas vivent en Arakan. 

Enfin, les images satellitaires publiées par les organisations internationales des Droits de l'Homme, ont démontré que plus de 350 villages appartenant aux Rohingyas ont été incendiés dans la région.