La Tunisie officiellement retirée de la liste noire des paradis fiscaux
Moscovi : la Tunisie n’avait pas clairement sa place dans cette liste
La Tunisie vient d’être officiellement retirée de la liste noire des paradis fiscaux, a appris mardi l’agence Anadolu de sources concordantes.
La décision attendue du reste, a été prise lors de la réunion tenue à Bruxelles par le conseil des affaires économiques et financières de l'Union Européenne (Ecofin) à la lumière des données qui montrent que la Tunisie ne peut en aucune manière être un paradis fiscal.
La Tunisie avait été blacklistée le 5 décembre 2017, en raison de son système de fiscalité complexe.
«Huit pays (le Panama, la Corée du Sud, les Emirats Arabes Unis, la Tunisie, la Mongolie, Macao, Grenade et Barbade) ont été retirés de la liste noire (...) après s'être engagés à remédier aux inquiétudes de l'UE», a annoncé le Conseil dans un communiqué.
«Je me réjouis de cette issue rapide. La Tunisie n’avait clairement pas sa place parmi les paradis fiscaux», a déclaré le commissaire européen aux affaires économiques et à la fiscalité, Pierre Moscovici.
L'ambassadeur de France à Tunis Olivier Poivre d'Arvor avait déjà donné le ton en publiant, mardi, un post sur son compte Facebook, selon lequel, la Tunisie sera retirée de la liste noire des paradis fiscaux, et placée dans la liste grise avec cinquante autres pays.
La veille, plusieurs dirigeants européens, dont le ministre italien des Affaires étrangères qui vient d’effectuer une visite en Tunisie, avaient prévu sans ambiguïté une telle décision.
Celle-ci intervient à la suite des efforts intenses du chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed qui a pris, lui-même, en main le dossier depuis le 5 décembre 2017, mais aussi du secrétaire d'Etat Hichem Ben Ahmed envoyé à Bruxelles pour les besoins du dossier.
Par ailleurs, des personnalités de renom avaient publié le 20 décembre dernier une tribune sur les colonnes du Financial Times pour plaider en faveur de ce retrait.
«La Tunisie n’a jamais été un paradis fiscal et elle n’en est pas un aujourd’hui», est le titre de l’article cosigné par une douzaine d’économistes, d’éminents professeurs et d’hommes politiques dont Farid Abbès, Christian de Boissieu, Elisabeth Guigou, Denis MacShane ou encore Radhi Meddeb et Jacques Sapir.
L’article, qui prend l’allure d’une lettre ouverte destinée aux autorités européennes, souligne la grande surprise des signataires face à la classification récente de la Tunisie dans la liste des 17 pays considérés par l’UE comme paradis fiscaux et rappelle les grands efforts fournis par le pays afin de se moderniser en empruntant la voie démocratique.
Dans le texte, M. Abbès note que la Tunisie est actuellement «la seule démocratie du monde arabe» et souligne aussi que cette classification nuira à l’image du pays surtout après que celui-ci a eu la force de dépasser l’instabilité sécuritaire et le terrorisme.
Les signataires expliquent, en outre, les conséquences désastreuses du chaos libyen sur l’économie tunisienne et somment l’autorité Européenne d’annuler dans les plus brefs délais cette décision, car «la Tunisie mérite mieux en cette phase de l’histoire».
Dès l’annonce de la décision de l’Ecofin, la Tunisie s’était déclarée «surprise et consternée d’être classée paradis fiscal !».
«La Tunisie exprime sa surprise et sa consternation d’avoir été incluse par l’Union européenne dans la liste noire des paradis fiscaux. Il s’agit d’un classement qui ne reflète guère les efforts qu’elle déploie pour se conformer aux exigences internationales de transparence fiscale» a indiqué, le ministère des Affaires étrangères, dans un communiqué rendu public le lendemain de la décision prise par Bruxelles.
Le communiqué a fait remarquer que «la Tunisie avait fourni à l'UE toutes les données et clarifications concernant la compatibilité du système fiscal tunisien avec les principes de la charte européenne dans le domaine de la fiscalité. Les services européens ont reconnu la conformité de ce système avec les règles de transparence».