HRW dénonce des crimes commis par des factions soutenues par la CIA en Afghanistan
Dans un communiqué publié jeudi sur son site internet et appuyé par un rapport de 60 pages, l’ONG HRW (Human Rights Watch) accuse la CIA de soutenir des « forces » qui commettent des « atrocités » en Afghanistan.
Dans un communiqué publié jeudi sur son site internet et appuyé par un rapport de 60 pages, l’ONG HRW (Human Rights Watch) accuse la CIA de soutenir des « forces » qui commettent des « atrocités » en Afghanistan.
« Les autorités devraient démanteler les forces paramilitaires irrégulières, et coopérer à des enquêtes indépendantes » suggère l’ONG dans son écrit.
Le rapport accablant de HRW affirme que « les forces afghanes soutenues par l’Agence centrale de renseignement des Etats-Unis (Central Intelligence Agency, CIA), ont commis des exécutions sommaires et d’autres graves abus en toute impunité ».
L’organisation précise que « ces forces d’intervention rapide ont tué illégalement des civils lors d’opérations nocturnes, soumis des prisonniers à des disparitions forcées, et attaqué des établissements de santé sous prétexte qu’ils auraient prodigué des soins médicaux à des combattants rebelles ».
Pour preuve, HRW fait état de « 14 incidents, survenus entre fin 2017 et le milieu de 2019, dans lesquels les forces d’intervention afghane appuyées par la CIA ont commis de graves abus, dont certains équivalaient à des crimes de guerre ».
L’ONG estime, pour lutter contre ces exactions, que « les États-Unis devraient, en coopération avec le gouvernement afghan, immédiatement démanteler et désarmer toutes les forces paramilitaires qui opèrent en dehors de la chaîne de commandement militaire habituelle et coopérer à des enquêtes indépendantes sur toutes les allégations de crimes de guerre et d’autres violations des droits humains ».
Les conclusions d’HRW s’appuient « sur des entretiens avec 39 habitants des provinces de Ghazni, Helmand, Kaboul, Kandahar, Nangarhar, Paktia, Uruzgan, Wardak et Zaboul, dont plusieurs témoins d’opérations nocturnes, ainsi qu’avec des organisations afghanes de défense des droits humains qui ont documenté ces attaques ».
Selon Patricia Gossman, directrice adjointe de la division Asie de HRW et citée dans ce rapport accablant en tant qu’auteure, « dans plusieurs cas, ces forces ont abattu des personnes qui étaient sous leur garde, et ont fait vivre des communautés entières dans la crainte de raids nocturnes et de frappes aériennes indiscriminées ».
Elle estime par ailleurs qu’en « accentuant ses opérations contre les talibans, la CIA a permis à des forces afghanes peu contrôlées de commettre des atrocités, notamment des exécutions extrajudiciaires et des disparitions forcées ».
Et l’auteur du rapport publié par HRW de conclure: « il ne s’agit pas de cas isolés, mais d’incidents qui illustrent une tendance générale, de la part de ces forces paramilitaires, à commettre de graves violations des lois de la guerre, et même des crimes de guerre ».
En réponse à ces accusations, la CIA a émis un communiqué dans lequel elle qualifie les conclusions de HRM comme étant « vraisemblablement fausses ou exagérées ».
Pour comprendre le contexte dans lequel ces exactions ont été commises, il est à noter que depuis « 2001, la CIA a conservé en Afghanistan un dispositif antiterroriste parallèle mais distinct des opérations militaires américaines » et « a continué de recruter, d’équiper, d’entraîner et de déployer des forces paramilitaires afghanes chargées de lutter contre Al-Qaïda et les talibans et, depuis 2014, contre les militants affiliés à Daech comme le souligne HRW dans son rapport.