France : le confinement rend les inégalités plus visibles
- Certains sont tabassés, d'autres bronzent sur la plage ou se promènent impunément à Paris.
Alors que le confinement de la population est strictement instauré en France, pour limiter la propagation du nouveau coronavirus, certains phénomènes sont apparus un peu partout dans l’Hexagone montrant que, dans les faits, les Français ne sont pas égaux devant cette mesure, pourtant fortement recommandée par les scientifiques.
Dans certains commerces, notamment en ligne, les prix des imprimantes, par exemple, connaissent une inflation sans précédent et deviennent hors de portée pour les petites bourses.
Très prisées pour le télétravail et les cours à distance, les imprimantes sont devenues, d'ores et déjà, quasiment indispensables depuis que le Gouvernement a décidé d'obliger tous le citoyens à se munir d’une attestation dérogatoire pour pouvoir sortir de chez eux.
Depuis le début du confinement, c’est d’ailleurs devenu l’article informatique le plus vendu sur le site Amazon, devant les congélateurs, également très prisés par les consommateurs en ces temps où beaucoup de ménages constituent des stocks de nourriture à leurs domiciles.
Nombreux ont été les observateurs à pointer du doigt la fracture numérique, au moment où le président français Emmanuel Macron a annoncé la fermeture des établissements scolaires.
Les élèves les plus démunis, éprouvent les plus grandes difficultés à pouvoir travailler à distance, à fortiori lorsque les devoirs envoyés par le corps enseignant nécessitent d’avoir un ordinateur, une imprimante ou le téléchargement d’applications sur des tablettes.
- Autorisation de sortie
Les inégalités sont également palpables dans le traitement des dérogations de sorties.
Depuis le début du confinement, de nombreuses vidéos ont été publiées sur les réseaux sociaux, montrant les forces de l’ordre se livrer à des violences contre des jeunes issus des quartiers populaires.
Certains ont été tabassés alors même qu’ils présentaient aux policiers tous les documents les autorisant à sortir.
Ces violences manifestes n’ont pas été rapportées dans des villes ou quartiers huppés et touristiques.
En témoignent les images tournées par Nice-Matin, il y a quelques jours, et qui montrent des femmes se faire bronzer sur la plage sans même être contrôlées.
Des scènes identiques ont été tournées et diffusées sur les réseaux sociaux, montrant des dizaines de promeneurs sur les quais de la Seine, en plein cœur de Paris, en toute impunité.
Des séquences qui ne manquent pas d’interpeller les spécialistes sur les inégalités sociales.
Interrogée par RTL, la sociologue Léa Mestdagh rappelle qu’il « y a des quartiers où, d'habitude, les familles circulent beaucoup, parce que leur lieu de vie quotidien est approprié le soir pour dormir mais pas pour y rester toute la journée, parce que l'équipement est mauvais, surpeuplé ou qu'il n'y pas d'eau courante par exemple ».
De son côté, Anne Lambert, elle aussi sociologue, pointe du doigt sur son blog, « les classes supérieures, surexposées initialement au virus par leur nombre élevé de contacts sociaux et la fréquence de leurs voyages », qui « ont déserté les villes pour se mettre à l’abri ».
Une fuite qui n’est permise que sous réserve de moyens financiers suffisants et d’une solution d’hébergement stable.
Des dizaines de milliers de Français vivant dans des conditions précaires, se retrouvent à ce jour confinés dans de petits appartements n’excédant parfois pas 20m2 pour 5 personnes, à l’image d’une famille en région parisienne interrogée par BFMTV.
« En ce moment c’est comme en prison », déplore la mère.