France / Gilets Jaunes : Le Drian « inquiet » pour la démocratie

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian s’est dit « inquiet » pour la « démocratie » qu’il qualifie de « fragile » suite à la tournure que la mobilisation des gilets jaunes à prise sur tout le pays. 

Il s’exprimait dimanche dans un entretien exclusif diffusé en direct sur la radio RTL et la chaîne d’information en continu LCI. 

« Quand j'entends un certain nombre de déclarations, je suis inquiet. Je sais combien la démocratie est fragile », a déclaré le ministre des Affaires étrangères. 

Il considère que « le danger c'est la mise en cause de nos propres institutions, de notre vivre ensemble », évoquant les multiples appels à « l’insurrection ». 

Le Drian s’est, ensuite, adressé au président américain Donald Trump en indiquant « je dis à Donald Trump et le président de la République lui a dit aussi : nous ne prenons pas partie dans les débats américains, laissez-nous vivre notre vie de nation ». 

Ces propos font échos à la publication, la veille, d’un tweet polémique du président américain. 

« L'accord de Paris ne marche pas si bien pour Paris. Manifestations et émeutes dans toute la France. Les gens ne veulent pas payer de fortes sommes d'argent, pour l'essentiel, à destination de pays du tiers monde (qui sont gérés de manière discutable) afin de peut-être protéger l'environnement. Les manifestants, scandent Nous voulons Trump! J'aime la France », avait-il martelé. 

Mercredi, Trump avait publié un propos provocateur sur le même réseau social. 

Il avait expliqué : « Je suis heureux que mon ami Emmanuel Macron et les manifestants à Paris soient tombés d'accord sur la conclusion à laquelle j'avais abouti il y a deux ans. L'accord de Paris est fondamentalement mauvais car il provoque une hausse des prix de l'énergie pour les pays responsables, tout en donnant un blanc-seing à certains des pires pollueurs au monde». 

Paris l’avait tout bonnement ignoré, choisissant de ne pas répondre. 

Le MAE français a ensuite poursuivi : «Je suis ministre des Affaires étrangères, je voyage partout dans le monde et je sais, pour le constater dans certains pays, combien la démocratie est fragile; elle peut être aussi fragile chez nous et donc j'appelle au ressaisissement, par le dialogue, parce que c'est notre manière d'être ». 

Le Drian a, par ailleurs, dénoncé les récents propos du député insoumis François Ruffin « comme quoi Macron finirait comme Kennedy » qu’il qualifie de « risques pour la République ». 

Le ministre pense que les propos du président Macron, qui doit s’exprimer publiquement en début de semaine, seront « suffisamment fort pour que le mouvement puisse s'enrayer ou au moins que les casseurs puissent être dissuadés ». 

« Le président de la République doit fixer, maintenant, le grand cap de ce mouvement pour aller vers le nouveau contrat social », affirme Le Drian. 

Il considère que « l’heure des territoires est arrivée », faisant allusion au succès inédit que rencontre le mouvement des gilets jaunes dans les petites villes de France profonde et de province à qui la parole n’est pas souvent donnée. 

Pour rappel, le mouvement des "gilets jaunes", lancé depuis la mi-novembre sur les réseaux sociaux pour protester contre la hausse des prix des carburants, a rapidement évolué et les revendications se sont étendues au pouvoir d’achat et aux salaires. 

Des politiciens ont réclamé la démission du président Emmanuel Macron, d’autres ont revendiqué la tenue d’un référendum, et d’autres ont appelé à la dissolution du parlement. 

De grandes marches ont été organisées à Paris les samedis 17 et 24 novembre ainsi que les 1er et 8 décembre. Ces marches ont été émaillées de vives violences, touchant des commerces, des monuments historiques, des véhicules et des immeubles. Des scènes de guérilla urbaine sont été observées dans toute la France. 

Déjà 4 personnes ont perdu la vie en marge de ces protestations et des centaines d’autres ont été blessées.