France/ Affaire Ramadan : Des personnalités s’inquiètent de « la sévérité du traitement » judiciaire
La cour d’appel de Paris a rejeté la demande de remise en liberté de Tariq Ramadan. Elle s’est prononcée en l’absence de l’accusé, qui n’a pas souhaité se présenter à cette audience à huis clos.
La décision était prévisible. Les jugent ont suivi les conclusions de l’expertise médicale qu’ils avaient demandée à l’issue de la précédente audience le 15 février. Selon le rapport de l’expertise, l’état de santé de l’islamologue est compatible avec sa détention.
Ses avocats avancent pourtant le fait que leur client souffre d’une sclérose en plaques et d’une neuropathie nécessitant des soins réguliers. Tariq Ramadan a été mis en examen pour viols et placé en détention le 2 février à l’issue d’une procédure que ses avocats dénoncent comme partiale.
Le maintien en détention du prédicateur risque d’apporter de l’eau au moulin des tenants de la thèse de l’acharnement judiciaire. Un acharnement dénoncé par ses soutiens, notamment à travers des pétitions et un appel à sa libération relayés sur internet.
Plusieurs intellectuels de toutes nationalités mettent en garde la justice française contre un « deux poids, deux mesures » dans une tribune intitulée « Tariq Ramadan : pour une justice impartiale et égalitaire » mise en ligne, le 21 février, par le site Médiapart. Les auteurs estiment que « la sévérité de traitement (…) rend légitimes les inquiétudes et les questionnements sur le caractère “particulier” que revêt désormais cette affaire ».
« Condamné avant même le démarrage de l’enquête judiciaire dans de nombreux médias et par des personnalités en guerre contre ses engagements religieux et politiques, Tariq Ramadan voit son droit à la présomption d’innocence massivement bafoué », ajoutent les signataires.
Ils sont plus de 60 chercheurs, universitaires, célébrités et militants à s’inquiéter du « traitement judiciaire d’exception à l’endroit de Tariq Ramadan », dont de nombreux professeurs d’universités prestigieuses (Oxford, Georgetown, Berkeley, Princeton, Johannesburg, King’s College of London, Concordia, etc.). On y retrouve aussi des personnalités françaises qu’il est difficile d’accuser de prosélytisme islamique : le politologue François Burgat, le journaliste Alain Gresh, ou encore la militante féministe Françoise Vergès ou encore la philosophe Sonia Dayan Herzbrun.