France / Affaire Benalla : démission du conseiller spécial d’Emmanuel Macron
Ismaël Emelien, 31 ans, a officiellement invoqué la parution prochaine d’un livre qu'il cosigne, pour justifier sa décision.
Ismaël Emelien, conseiller spécial du président français Emmanuel Macron a annoncé lundi soir qu’il quittait l’Elysée, dans un entretien exclusif paru dans la presse.
L’homme de 31 ans, resté très discret depuis le début du quinquennat, a officiellement invoqué la parution prochaine d’un livre qu'il cosigne, pour justifier sa décision.
« Par éthique personnelle, je me suis astreint, en tant que conseiller spécial du Président, à un silence absolu qui n’est pas compatible avec la parution d’un tel ouvrage », a expliqué Ismaël Emelien sur les colonnes du journal Le Point.
Il a affirmé que « ce n’est pas une démission mais un départ (...) vu en totale intelligence avec le président de la République ».
Selon lui, « toute autre interprétation qui sera faite de mon départ, et il y en aura, sera fausse ».
Et si Ismaël Emelien sait qu’il y aura d’autres justifications avancées pour expliquer son départ, c’est tout simplement parce que son nom a été largement éclaboussé par le scandale de l’affaire Benalla, érigée au rang d’affaire d’Etat.
En effet, le conseiller spécial du président Macron a reconnu devant les enquêteurs, il y a quelques mois, avoir fourni (illégalement) à Alexandre Benalla, des enregistrements de vidéosurveillance dans lesquels ce dernier violente des manifestants lors de la manifestation du 1er mai à Paris.
Mais début février, il avait été mis en cause dans un enregistrement diffusé par Mediapart et qui avait fait grand bruit dans l’Hexagone.
Le 26 juillet, date à laquelle Benalla est déjà placé sous contrôle judiciaire et mis en examen pour les dures violences, on y entend celui-ci affirmer être avec Ismaël Emelien et se vanter d’avoir le soutien total du président Macron.
Depuis lundi soir, les spéculations se font nombreuses et beaucoup considèrent que cette démission imprévue est la conséquence de cette implication dans l’affaire Benalla.
Jeudi dernier déjà, Marie-Élodie Poitout, responsable du groupe de sécurité du Premier Ministre Édouard Philippe avait quitté ses fonctions à Matignon après avoir été éclaboussée, elle aussi, par ce même scandale.
Elle avait été auditionnée deux jours plus tôt par des enquêteurs qui cherchent à savoir si elle est à l’origine de l’enregistrement clandestin du 26 juillet.
Le journal France Soir rapporte que c’est bien dans l’appartement de cette dernière qu’aurait eu lieu la discussion entre Vincent Crase et Alexandre Benalla, mais cette dernière nie l’avoir enregistrée.
Par ailleurs, elle est en couple avec Chokri Wakrim, proche d’Alexandre Benalla et qui serait impliqué à ses côtés dans un contrat de sécurité conclu avec l’oligarque russe Iskander Makhmudov.
À ce propos, le parquet national financier a ouvert une enquête pour corruption.
C’est, cependant, une véritable hécatombe dans les hautes sphères du pouvoir français.
Fin janvier, Sylvain Fort, directeur de la communication de l’Elysée avait quitté ses fonctions, de même que Barbara Frugier, conseillère en communication l’avait fait fin 2018.
Mais le départ le plus marquant reste la démission en octobre 2018 de l'ancien ministre de l’Intérieur Gerard Collomb, très proche d'Emmanuel Macron.
Il avait annoncé, à la surprise générale, qu’il quittait son ministère en évoquant des raisons électorales lors des prochaines municipales.
Le gouvernement français était resté plusieurs jours dans la confusion sans ministre de l’Intérieur.
Là aussi, l’ombre de l’affaire Benalla continue de planer, puisque Gerard Collomb avait été mis en cause et auditionné par le Sénat où il était sommé de s’expliquer sur la présence de l’ex-chargé de sécurité de l’Elysée sur une manifestation, avec un brassard et un talkie-walkie de la police.
Pour rappel, Alexandre Benalla a usurpé la fonction de policier lors de la manifestation syndicale du 1er mai et s’était livré à des violences sur des participants.
Depuis, les rebondissements et révélations continuent de s’enchaîner grâce, notamment, aux investigations menées par Mediapart, que le Parquet a tenté de perquisitionner début février en dépit du droit de la presse.