Fawzi al-Junaidi : J’ai transmis à Erdogan les remerciements de nombreux Palestiniens (Interview)

"De nombreux Palestiniens m'ont demandé de transmettre les remerciements et les salutations les plus distingués au président de la Turquie Erdogan et au peuple turc", s'est ainsi adressé à Anadolu, l’enfant palestinien Fawzi al-Junaidi, l'un des symboles de l'élan de protestation contre la décision américaine sur Jérusalem, en marge de sa visite à Ankara. 

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reçu, mercredi soir, l'enfant palestinien Fawzi al-Junaidi (16 ans), au complexe présidentiel à Ankara en présence du Premier ministre turc, Binali Yildirim. 

"J'ai beaucoup remercié Erdogan pour son soutien au peuple palestinien. Je lui ai également transmis un message reflétant l’amour des Palestiniens envers lui (…) Beaucoup de Palestiniens m'ont demandé de transmettre les remerciements et les salutations les plus distingués à Erdogan et au peuple turc", a déclaré al-Junaidi. 

"J'ai été surpris et très heureux d’avoir vu le président Erdogan. J’ai toujours rêvé de le rencontrer et de visiter la Turquie. Quelle agréable sensation !", s’est exprimé l’enfant palestinien en vue de décrire ses sentiments quant à sa rencontre avec le chef d’Etat turc. 

Al-Junaidi a également expliqué que "la visite lui a été l'occasion de connaître la Turquie et le peuple turc, de rencontrer le président et de réaliser à quel point les Turcs aiment et soutiennent les Palestiniens". 

"Erdogan m'a dit que je représente un symbole de la Résistance des Palestiniens. Je l’ai remercié. Il m’a adressé des remerciements et des salutations, et m'a offert un Smartphone de modèle "iPhone" pour remplacer le mien, qui a été abîmé par les soldats israéliens", a-t-il ajouté d’un ton enfantin heureux. 

Évoquant les circonstances de son arrestation, al-Junaidi a fait savoir : "L’armée israélienne m’avait arrêté le 7 décembre, dans la localité de Bab al-Zawiya à Hébron (Cisjordanie occupée), même endroit où mon cousin avait été arrêté il y a environ 3 mois. A cette époque, il restait en détention jusqu’au crépuscule. Les autorités occupantes avaient convoqué son père et ont fini par le libérer. Quant à moi, j’étais transféré, après le crépuscule, à Kiryat Arba (colonie d’occupation) pour enquête et investigation. J’y étais resté jusqu’à 2h30 du matin puis j’étais transféré de nouveau à Goush Etzion (groupe de colonies israéliennes, [NDLR])". 

L’enfant Fawzi al-Junaidi, a dévoilé qu’il avait été sévèrement battu lors de son arrestation. "Un grand nombre de soldats israéliens, même plus de ceux apparus sur la photo, m’ont agressé. Il y avait même des soldats qui sont venus me battre et qui sont partis. J’étais atteint de fractures au thorax et à l’épaule droite guérie avec le temps, en raison des coups que j’avais reçus lors de ma détention". 
 

"En prison, je n’ai pas été battu, puisque cela est interdit. Cependant, ils ont essayé de créer un état de panique. Ils venaient la nuit et frapper fort à la porte. Il projetaient de forte lumière sur nos yeux pendant que nous dormions, pour nous torturer", a-t-il précisé. 
 

L’enfant palestinien a par ailleurs indiqué qu’il avait passé 22 jours en prison et que les autorités israéliennes l'ont libéré sous caution de 10 mille shekels (2 860 dollars), avec une condamnation à sursis. 
 

Selon al-Junaidi, les autorités de l’occupation autorisent aux détenus de regarder un certain nombre de chaînes de télévision. Il est toutefois difficile d’avoir des nouvelles. Il a indiqué avoir vu sa photo dans un journal israélien, environ 10 jours après son arrestation. 
 

Évoquant la procédure qu’il a suivi pour quitter la Cisjordanie en direction de la Turquie, il a expliqué qu’il avait traversé le pont (reliant la Jordanie et la Palestine) d’une façon normale. "Avant le procès, les autorités israéliennes m’ont interdit de me rendre en Jordanie, puisque j’y étais invité par le Syndicat des médecins dentaires pour assister à une fête", a-t-il ajouté. 
 

"Avant que je vienne en Turquie, je devais comparaître devant un tribunal militaire. Le procès a été reporté au 19 février prochain à la demande de l'avocat de la défense", a-t-il renchéri. 
 

Quant à l’enfant palestinienne détenue, symbole de l’endurance palestinienne, Ahed al-Tamimi (16 ans également), al-Junaidi a déclaré : "Je voyais Ahed en prison, toutefois je ne pouvais pas lui parler puisque cela est interdit. Je l’ai vue quand ils l’avaient faite entrer dans la salle d'attente pour le procès, elle était fatiguée et épuisée". 
 

"J’espère qu’Allah (Dieu) le tout puissant soit avec elle, et qu’elle sera libérée le plus rapidement possible", a-t-il dit. 

Les autorités israéliennes avaient arrêté Ahed al-Tamimi dans la nuit de lundi à mardi (19 décembre) dans la localité de Nabi Saleh, à l'Ouest de Ramallah, dans le centre de la Cisjordanie occupée, après que des médias israéliens avaient diffusé des images de la jeune fille en train de chasser des soldats israéliens devant sa maison. 
 

A cet égard, le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a promis d'arrêter et de punir la jeune fille palestinienne et de punir toute personne apparue avec elle dans la vidéo tentant de résister à ses soldats. 

 

** Je suis déterminé à lutter contre l’occupation 
 

Fawzi al-Junaidi, âgé de 16 ans seulement, a mis l’accent sur l’impératif de poursuivre la lutte contre l’occupation en vue de défendre le peuple palestinien. 
 

"Quoi qu’il advienne, nous poursuivrons notre lutte contre l’occupation. Ils veulent faire peur au peuple palestinien à travers l'image, toutefois, cela n'arrivera jamais. Rien ne saura dissuader la détermination du peuple palestinien courageux à résister", a affirmé le jeune enfant palestinien d’un ton enthousiaste. 
 

Et al-Junaidi de conclure : "Je n'ai pas eu peur et je n'aurai jamais peur. J'ai été habitué aux pratiques israéliennes depuis mon jeune âge. Je suis déterminé à poursuivre la lutte et la résistance". 

Le 7 décembre dernier, Fawzi al-Junaidi avait été arrêté dans la zone de Bab al-Zawiya, au centre d'Hébron, où des affrontements entre des jeunes palestiniens et une unité militaire israélienne avaient eu lieu pour protester contre la décision de Washington de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël. 

Une photo capturant le moment de l'arrestation a été diffusée sur les médias arabes et internationaux. Al-Junaidi y parait les yeux bandés, entouré de 23 soldats israéliens s'acharnant contre lui. 

Le 28 décembre, les autorités israéliennes l'ont libéré sous caution de 10 mille shekels (2 860 dollars). 

Dimanche dernier, le tribunal militaire israélien d'Ofer a décidé de reporter le procès d'al-Junaidi au 19 février prochain à la demande de l'avocat de la défense. 

Mardi dernier, l'enfant était arrivé à Istanbul, en Turquie, à l'invitation du maire de la ville.