Erdogan: "Si le cessez-le-feu est respecté, les choses peuvent évoluer positivement en Syrie"
"Notre objectif est de permettre le processus politique décrit dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU et de mettre fin à la guerre en Syrie", a notamment expliqué le Président turc.
Yayınlanma:
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Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a estimé que si l’accord de cessez-le-feu conclu avec la Russie, jeudi, concernant Idleb, est respecté, il pourrait ouvrir la voie à des développements très positifs au sujet de la crise syrienne.
Le Chef de l’Etat turc a fait des déclarations aux journalistes, jeudi soir, à l’issue du sommet historique à Moscou, lors du trajet retour dans l’avion présidentiel.
Il a longuement expliqué les différents points de l’accord conclu avec le Président russe Vladimir Poutine.
Erdogan a d’abord voulu rappeler que la récente crise à Idleb, qui a atteint son apogée avec les attaques du régime syrien contre des soldats turcs dans la zone de désescalade d’Idleb, n’est pas une crise qui oppose Ankara et Moscou.
"Les faits n'opposent pas la Turquie et la Russie. Nous ne sommes pas en face de la Russie, mais du régime syrien", a-t-il assuré.
Le Chef de l’Etat a cependant expliqué que la Turquie ne baissera pas sa garde face au régime syrien, dont la fiabilité n’est absolument pas garantie.
"Nous serons à tout instant à l'affût contre toute éventuelle violation du régime syrien", a-t-il déclaré. Lors de la conférence de presse avec Poutine, Erdogan avait affirmé que la Turquie se garde le droit de répliquer avec force contre toute nouvelle attaque du régime syrien à Idleb.
Le président turc a également indiqué que les 12 points d’observations turcs installés dans la zone de désescalade d’Idleb continueront leurs missions comme prévus dans les accords d’Astana et de Sotchi.
"Nos points d'observation vont rester où ils sont. Il n'est pas question de modifications", a-t-il souligné.
Mais le Président turc se veut confiant. Il pense que le succès de cet accord peut changer beaucoup de choses en Syrie.
"Si cet accord et ce cessez-le-feu sont respectés, les choses peuvent aller vers un chemin très positif", a-t-il expliqué. Et d’ajouter : "Notre objectif est de permettre le processus politique décrit dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU et de mettre fin à la guerre en Syrie".
Concernant le rôle de la communauté internationale dans cette dernière crise à Idleb, le Chef de l’Etat turc a fermement critiqué le comportement de l’Union Européenne (UE), absente jusqu’à présent sur cette question, mais qui s’agite ces derniers jours.
"En réalité l'UE n'a rien à avoir dans ce dossier. Ils veulent saisir l'opportunité pour jouer un rôle, mais quand il s'agit de partager le fardeau, ils ne sont plus là", a-t-il dénoncé, faisant le lien avec la décision turque de ne plus empêcher les réfugiés voulant quitter la Turquie pour rejoindre l’Europe. Erdogan a une nouvelle fois contesté l’approche européenne à ce sujet.
"L'Occident est malheureusement hypocrite. Ils [l'UE] ont immédiatement alloué 700 millions € à la Grèce. La Chancelière (Merkel) nous avais parlé d'une aide de 25 millions €, mais toujours rien", a-t-il donné pour exemple.
Le Président turc en a profité pour encore fustigé la violence des autorités grecques vis-à-vis des réfugiés. "Nous n'avons pas le temps de discuter de cela avec la Grèce, c'est trop tard. Les réfugiés iront là où ils peuvent, nous ne les forçons pas à quitter notre pays", a-t-il dit.
- Les autres sujets évoqués à Moscou avec Vladimir Poutine :
En dehors d’Idleb et de la Syrie, Erdogan et Poutine ont aussi discuté de la situation en Libye.
La Turquie critique depuis plusieurs semaines l’engagement en Libye des paramilitaires de la société russe Wagner, aux côtés du général à la retraite putschiste, Khalifa Haftar.
"Concernant le groupe Wagner, je pense que Poutine va agir de manière positive. Nous souhaitons que la question libyenne se règle aussi de la même manière que nous avons traité la crise à Idleb", a-t-il déclaré.
Les deux leaders ont par ailleurs discuté de la coopération militaire. Erdogan a notamment indiqué que le système de défense antiaérienne S-400, acheté à la Russie, sera activé dès le mois d'avril.