Erdogan: "Nous pouvons prendre la décision de rompre nos relations diplomatiques avec Abou Dabi"

"Nous ne laisserons aucune attaque contre nos navires civils [en Méditerranée orientale], même minime, sans réponse", a par ailleurs déclaré le président turc au sujet des tensions avec la Grèce.

Erdogan: "Nous pouvons prendre la décision de rompre nos relations diplomatiques avec Abou Dabi"

Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré qu’Ankara envisage de rompre ses relations diplomatiques avec les Émirats Arabes Unis (EAU) suite à l’accord de normalisation conclu avec Israël, un développement qualifié par la Turquie de "trahison de la Palestine".

Le Chef de l’État turc a répondu aux questions des journalistes, vendredi, après avoir participer à la prière du vendredi à la mosquée Ali d’Istanbul.

Il est d’abord revenu sur les développements en Méditerranée orientale où les tensions sont vives avec la Grèce autour du désaccord sur les limites des eaux territoriales et la recherche d’hydrocarbures.

"Le navire de recherches sismiques Oruç Reis poursuivra ses travaux dans la région jusqu'au 23 août", a-t-il d’abord indiqué, mettant une nouvelle fois en garde Athènes contre toute attaque contre ce navire turc.

"Nous ne laisserons aucune attaque contre nos navires civils [en Méditerranée orientale], même minime, sans réponse", a-t-il lancé, rappelant qu’un navire grec a tenté, jeudi, d’harceler le navire turc, avant d’être repoussé par les navires militaires turcs qui escortent le Oruç Reis.

Par ailleurs, le président Erdogan a voulu souligner l’animosité grandissante en Grèce contre la minorité turco-musulmane.

"Des tombes de nos compatriotes ont été cibles de tirs en Thrace occidentale [Grèce]. Ce sont des signaux inquiétants", a-t-il dénoncé, appelant Athènes à respecter le droit des minorités, conformément au Traité de Lausanne.

Erdogan a également critiqué l’accord maritime récemment conclu entre Athènes et Le Caire.

"J’ai du mal à comprendre l’Égypte. Nos renseignements discutent avec les renseignements égyptiens. Ils nous disent totalement autre chose, ils parlent d’un malentendu qu’il faut corriger. Les peuples turc et égyptien ont des liens très forts qui viennent du passé. Les dirigeants doivent le prendre en compte. Mais malheureusement, comme l’Arabie Saoudite, leurs dirigeants sont dans la mauvaise direction", a-t-il dit.

- L’accord de normalisation Émirats Arabes Unis / Israël :

Le Chef de l’État turc a également été interpelé au sujet de l’accord entre Abou Dabi et Tel Aviv, annoncé jeudi soir par le président américain Donald Trump.

Pour lui, cet accord est une trahison de la Cause palestinienne.

"Nous sommes aux côtés du peuple palestinien. Nous n'avons jamais permis et ne permettrons que la Palestine soit dévorée", a-t-il rappelé.

Pour cette raison, le président turc a donné l’instruction au ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, de travailler sur la réponse à donner à Abou Dabi.

"Nous pouvons décider de rompre nos relations diplomatiques avec Abou Dabi ou décider de rappeler notre ambassadeur, comme est sur le point de faire la Palestine", a-t-il même ajouté.

Le président Erdogan en a profité pour dénoncer la solidarité de certains pays de la région avec Israël, aux dépens des Palestiniens.

"La solidarité de l'Égypte d'une part et de la Grèce d'autre part avec Israël et la décision sur la Palestine sont inacceptables", a-t-il relevé.

Pour conclure, Erdogan s’est exprimé sur la situation en Libye. "Pratiquement aucun des participants ne respecte ou n'a respecté les engagements de la Conférence de Berlin", a-t-il avancé, rejetant ainsi les critiques faites à la Turquie.