Erdogan: "La période des sacrifices unilatéraux en faveur des réfugiés est désormais terminée"

"Maintenant je reçois appel téléphonique sur appel téléphonique de nos amis européens. Ils veulent que nous refermions nos portes. Trop tard", a notamment dénoncé le Président turc.

Erdogan: "La période des sacrifices unilatéraux en faveur des réfugiés est désormais terminée"

 

 

Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré que la Turquie ne fera plus, seule, des sacrifices pour accueillir et venir en aide aux réfugiés syriens : "Cette période est terminée", a-t-il lancé.

Le Chef de l’Etat turc s’est exprimé, lundi, lors de la réunion du Parti de la Justice et du Développement (AK Parti), dont il est le leader, à Ankara.

Il s’est particulièrement attardé sur l’opération "Bouclier du Printemps" enclenchée à Idleb dans le nord de la Syrie.

Ladite opération a été lancée le 27 février suite à l’attaque meurtrière des forces du régime syrien contre des soldats turcs à Idleb, faisant 34 martyrs dans les rangs turcs.

Erdogan a expliqué qu’Ankara a donné la priorité à la diplomatie avant de s’orienter vers une solution militaire.

"A ceux qui pensaient que notre sensibilité à ne pas verser de sang et pas faire subir de douleurs, est une faiblesse, nous commençons seulement à montrer notre force", a-t-il déclaré.

"Nous sommes attristés d'avoir été obligés d'en arriver là [en Syrie]. Les responsables de cette situation sont ceux qui se sont sentis capables de nous menacer grâce au soutien des forces [extérieures]", a-t-il expliqué, dénonçant l’agressivité du régime syrien contre les soldats turcs et les massacres de civils dans la zone de désescalade d’Idleb.

"Venger nos soldats est notre dette", a-t-il assuré.

Le Président turc a ensuite énuméré le dernier bilan de l’opération, dévoilé dans la matinée par le ministre de la Défense, Hulusi Akar : 2 jets, 2 drones, 8 hélicoptères, 135 chars, 77 véhicules blindés, 86 canons / obusiers / lance-roquettes multiples, 5 systèmes de défense anti-aérienne, 16 antichars / mortiers, neuf dépôts de munitions et 2 557 soldats et éléments du régime, neutralisés.

Erdogan a voulu aussi rappeler la détermination de la Turquie à faire reculer les troupes du régime syrien derrière les limites définies à Astana et Sotchi concernant la zone de désescalade d’Idleb.

"Ceux qui menacent d'attaquer nos points d'observation à Idleb, n'ont toujours pas pris de leçons de ce qui se passe. Si très rapidement ils ne retournent pas en dehors de ces limites, ils seront décapités", a-t-il prévenu.

Et d’ajouter : "De la même manière que nous avons stoppé les groupes terroristes Daech, PKK et FETO, le régime syrien tyrannique aussi vivra le même sort".

"Je m'adresse une nouvelle fois à la Russie et à l'Iran, nous n'avons aucune hostilité envers vous en Syrie. L’objectif de la Turquie n’est pas non plus d’élargir ses terres ou d’installer des bases militaires. Nous menons une lutte dont l'objectif est de régler la crise humanitaire enclenchée par l'orientation de millions de Syriens vers notre pays, et de garantir la sécurité de notre territoire", a-t-il affirmé.

Le Chef de l’Etat s’est ensuite adressé aux pays européens qui, malgré ses appels depuis plusieurs années, n’ont pas voulu apporter leur aide à la Turquie dans ses efforts pour accueillir les réfugiés syriens.

La période des sacrifices unilatéraux en faveur des réfugiés est désormais terminée", a-t-il lancé, dénonçant le refus des pays européens de prendre au sérieux cet appel de la Turquie.

"Depuis que nous avons ouverts nos frontières vers l'Europe, des centaines de milliers de réfugiés s'y sont orientés. Ce nombre atteindra rapidement les millions. Maintenant je reçois appel téléphonique sur appel téléphonique de nos amis européens. Ils veulent que nous refermions nos portes. Trop tard", a-t-il expliqué.

"Ceux qui aujourd’hui utilisent des gaz lacrymogènes, des bombes assourdissantes, des canons à eau et des balles en caoutchouc, contre les migrants pour les repousser, devront un jour en payer le prix devant la communauté internationale", a-t-il assuré, dénonçant le comportement des forces de sécurité grecques.