Droits de douane : le gouvernement se dote d’une plateforme numérique
Pour collecter les droits de douanes sur les équipements mobiles.
A compter du 15 octobre, la douane camerounaise entrera en possession des premiers versements effectués au titre de la collecte par voie numérique les taxes à l’importation de téléphones portables et des tablettes électroniques.
« Ce qui a changé sur la collecte de la taxe sur le téléphone, c'est le déplacement de la frontière physique à la frontière numérique. C’est une mesure pour en finir avec la fraude », a expliqué à l’agence Anadolu Minette Libom, ministre camerounaise des Postes et télécommunications, .
« Il ne s’agit pas d’une nouvelle taxe, l'importation des téléphones, faut-il le rappeler a toujours été soumise à une taxe de douane au Cameroun », a-t-elle martelé ajoutant que « plusieurs pays ont procédé à cette méthode de collecte via une plateforme ».
Ce nouveau dispositif permet l’importation des équipements mobiles tels que les téléphones portables et tablettes électroniques en suspension du paiement des droits de douane, en dehors des cas où l’importateur procède au paiement spontané des droits exigibles.
Le cas échéant, la plateforme est simplement renseignée après effectivité du paiement, pour éviter une double imposition des équipements ainsi dédouanés.
La nouvelle plateforme « de collecte numérique des droits et taxes de douane sur les téléphones portables offre automatiquement au consommateur une option de facturation à savoir le paiement intégral en une traite ou paiement échelonné, en fonction du type de téléphone utilisé », a souligné un communiqué du gouvernement.
« La plateforme se réfère sur les recommandations du fabricant du téléphone qui donne le coût de sortie de l’usine et c’est sur cette base que les frais de douane qui s’élèvent à 33% seront calculés. Le prélèvement sera fait sur le crédit téléphonique. Soit en une mensualité, à ce moment, vous vous rassurez que vous avez assez de crédit, soit vous payez par échelonnement », a expliqué Paul Zambo, mandataire du Cameroun dans l’opérationnalisation de cette nouvelle mesure.
Les téléphones en cours d’utilisation et ayant été connectés à au moins un réseau mobile en activité dans le pays, les téléphones des voyageurs en séjour temporaire au Cameroun et utilisant le mode roaming, les stocks de téléphones déjà dédouanés et encore détenus par les importateurs ne sont pas concernés par la mesure.
Selon le ministère des postes et télécommunications, « cette mesure vise à augmenter le PIB de 05% en 2016 à 10% en 2020 ». De même, « elle va relever les impôts générés par le secteur de 210 millions d’euros en 2016 à 460 millions d’euros en 2020 ».
Mais ces explications laissent sceptiques de nombreux usagers camerounais.
« On ne peut pas prétendre vouloir réduire le fossé numérique pour rendre la jeunesse plus compétitive et paradoxalement, taxer le dédouanement des outils numériques à hauteur de 33,05%. C'est tout simplement absurde », a réagi Mme Alice Sadio, présidente du parti politique Alliance pour des forces patriotiques (AFP).