Côte d’Ivoire : Le karité, nouvelle richesse agricole
- La production de karité est utilisée à hauteur de 60% dans l’industrie cosmétique, 20% dans l'industrie de la chocolaterie selon les responsables de la filière karité.
Le karité est un fruit riche en matière grasse, spécifique à l’Afrique équatoriale, dont l’arbre peut atteindre jusqu’à 15 mètre de hauteur, mais ne commence à produire qu’après une quinzaine d'année ans de sa plantation en graine, cinq ans après une greffe.
Espèce végétale menacée, car, exploitée également pour obtenir un bois résistant de qualité, elle est aujourd’hui cultivée en côte d’Ivoire, constituant un pôle important de croissance agricole.
La durée de vie de l’arbre se compte par siècles, mais la production ne dépasse pas les 20 kg de fruits par saison, soit 6 kilos d’amandes sèches de karité, permettant d’obtenir 2 kilos de beurre de karité. C’est, donc une culture lente.
Toutefois, la production de karité est utilisée à hauteur de 60% dans l’industrie cosmétique, 20% dans l'industrie de la chocolaterie selon les responsables de la filière karité.
La demande mondiale de karité est estimée à 5 millions de tonnes, mais la production ne dépasse pas les 4,2 millions de tonnes. Ce fruit est fourni exclusivement par l’Afrique.
La Côte d'Ivoire en est le 5è producteur mondial après le Nigeria, le Mali, le Burkina Faso et le Ghana.
Le karité fait vivre 3 millions de femmes en Afrique. En Côte d’Ivoire, les productrices de karité sont au nombre de 152 mille femmes, pour la plupart analphabètes, mais qui réalisent une production de 250 mille tonnes par an.
"Le karité est toute notre vie, c'est l'activité principale des femmes, surtout au nord, c'est un héritage qui se transmet de mère en fille. L'objectif de notre génération est, donc, de mieux valoriser ce produit naturel à usage multiples", a déclaré à Anadolu Yao Siata Ouattara, présidente d'une coopérative féminine de karité basée à Bouna au nord-est de la Côte d'Ivoire.
Sur le marché international, le prix du beurre de karité se négocie à 2750 francs CFA le kilo, soit 5 dollars. En Côte d'Ivoire, il varie entre 1500 francs CFA(2,72 dollars) et 2500 francs CFA(4,54 dollars) d'après les responsables de la filière karité.
La Côte d’Ivoire dispose également de 5 unités de transformation de beurre de karité qui ne transforment que 80 mille tonnes des 250 mille tonnes produites . La majorité de la production est, donc, exportée à l’état brut.
Les États-Unis, la Russie, le Moyen-Orient et l’Arabie saoudite sont les régions dans lesquelles le pays exporte la karité.
“Le karité est appelé l’or de la femme, il faut que les Etats nous accompagnent pour que la femme soit dorée à partir du beurre de karité. Aujourd’hui nous sommes en train d’inscrire le karité ivoirien dans la certification pour que nous soyons libres de mener la politique commerciale du karité en Afrique", a confié à Anadolu Ali Keïta, président de la filière karité en Côte d'Ivoire.
La transformation locale des produits agricoles ivoiriens est estimée à 30% selon le ministère de l'agriculture.
Les autorités veulent atteindre au moins 50% d'industrialisation de ces produits locaux en 2020. Mais il va falloir relever plusieurs défis bien avant l'atteinte de cet objectif, selon des experts.
"Le cacao, produit phare de notre économie est en difficulté ces dernières années. Le karité, l'anacarde et même le cola sont de bonnes aubaines de diversification de notre économie", a affirmé à Anadolu Doté Coulibaly, professeur d'économie à l'université Félix Houphouet Boigny à Abidjan.
"Pour ce faire, explique-t-il, il faut donc professionnaliser et moderniser les unités artisanales de transformation des produits locaux comme le karité. En passant, je vous signale que c'est grâce au karité que mes parents ont pu payer toutes mes études".
Le gouvernement a déjà, de son côté, fait de la transformation des matières premières agricoles une priorité. En effet, il compte dans ce sens mobiliser 4200 milliards de francs CFA (environ 8 milliards de dollars) de 2018 à 2025. Le programme national d'investissement agricole sera financé à hauteur de 60% par le gouvernement et 40% par le secteur privé.
"Nous avons déjà expérimenté de 2012 à 2017 ce même programme et on a enregistré des résultats encourageants. Je suis heureux de vous dire que 80% du financement du programme national d'investissements agricoles qui couvrira 2018-2025 est déjà disponible. On espère avoir encore de bons résultats", a affirmé à Anadolu Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien de l'Agriculture et du développement rural.
En rappel, le karité est un arbre qui pousse de façon sauvage dans la savane uniquement en Afrique, mais il peut être semé ou greffé par l'homme.
En Côte d'Ivoire, sa production et sa commercialisation sont l’apanage des femmes à 99%, d'après les responsables de la filière.
L'agriculture emploie 56% de la population ivoirienne et contribue entre 20 et 30% du produit intérieur brut du pays, d'après le ministère de l'Agriculture.