Comble du ridicule : 54 millions d'Égyptiens traduits en justice pour avoir boycotté les élections
- Incroyable mais vrai, puisque cette décision sans précédent a été prise par l'Autorité nationale des élections en Egypte (officielle), suite à la faible participation des égyptiens aux élections sénatoriales.
L'Autorité nationale des élections en Egypte (officielle) a décidé, mercredi, de traduire quelque 54 millions égyptiens en justice, en raison de leur abstention lors des élections sénatoriales, un fait sans précédent qui a suscité de vives critiques et des railleries.
Cette décision a été prise par le conseil de l'autorité, dirigé par le conseiller Lashin Ibrahim, vice-président de la Cour de cassation, lors d'une réunion tenue mercredi, selon l'agence de presse officielle égyptienne.
La décision précise que "les listes des électeurs qui n'ont pas voté au premier tour des élections sénatoriales (la deuxième chambre du parlement) doivent être arrêtées et transmises au ministère public afin de prendre les mesures adéquates à leur encontre".
Selon les statistiques annoncées par l'autorité électorale, la décision conduira à traduire environ 54 millions de personnes en justice, puisque seuls 9 millions sur les 63 millions d’électeurs inscrits ont participé au vote.
La commission a justifié sa décision sans précédent par "le manque de respect pour le devoir national, malgré le fait que l'État égyptien ait fourni toutes les ressources et l'équipement nécessaires à la participation des électeurs pour qu'ils puissent exercer leur droit de vote ".
Et l'énoncé de la décision de poursuivre : "Nous avons pris toutes les mesures préventives pour protéger les intervenants dans ce processus électoral, ainsi que les électeurs contre la pandémie de coronavirus, les centres électoraux se sont préparés à les recevoir, et nous avons averti à plusieurs reprises de la nécessité de se déplacer et de participer".
La Commission électorale a conclu le texte de sa décision en "déférant tous ceux qui n'ont pas voté devant le Parquet pour qu'il prenne les mesures adéquates à leur encontre ... et punir les électeurs qui se sont abstenus en leur infligeant une amende ne dépassant pas 500 livres (environ 32 dollars)".
- Tollé sur les réseaux sociaux
La décision a déclenché une vague de critiques sévères et de railleries, sur les réseaux sociaux égyptiens, des tweets relayant de manière sarcastique et imagée l’incongruité et le caractère loufoque de la décision.
Alaa Al-Attar, un journaliste égyptien, a déclaré sur son compte Facebook : "Hypothétique titre d’article de presse ... environ 55 millions de citoyens devant le parquet : Jugement dernier en Égypte".
Mona Selim, rédactrice de presse, a écrit sur Facebook : "Le peuple égyptien, à l'exception de quelques-uns, déférés devant le parquet !"
Un compte au nom de "Mohamed Mahaoud" a évoqué le montant que l'Etat récolterait si l'amende venait à être appliquée, calculant qu'il dépasserait 275 milliards de livres égyptiennes (environ 17 milliards de dollars).
Les autorités égyptiennes avaient déjà menacé de recourir à toute une série de mesures pour infliger une amende pécuniaire aux abstentionnistes, mais elles n’étaient jamais passées à l’acte auparavant, du fait de la difficulté de traduire des dizaines de millions de personnes devant les tribunaux, compte tenu de la faible participation à la vie politique en Égypte.
Les élections sénatoriales pour les Égyptiens à l'étranger ont eu lieu les 9 et 10 août, et à l'intérieur de l'Égypte les 11 et 12 du même mois. Le second tour aura lieu les 6 et 7 septembre pour les Égyptiens à l'étranger et les 8 et 9 du même mois à l'intérieur du pays, alors que les résultats définitifs seront annoncés au plus tard le 16 du mois suivant.