Centrafrique : Destitution du président de l’Assemblée nationale

- La motion de déchéance a été adoptée par 98 voix pour, 41 voix contre et une abstention.

Centrafrique : Destitution du président de l’Assemblée nationale

Le parlement centrafricain a décidé, vendredi, de destituer Abdoulkarim Mekassoua président de l’assemblée nationale centrafricaine à l’issue d’un vote retransmis en direct sur les ondes de la radio nationale. 

La motion de déchéance a été adoptée par 98 voix pour, 41 voix contre et une abstention.

Aussitôt après la session consacrée au vote de la motion de destitution, des tirs sporadiques ont été entendus dans le quartier musulman du Km5 de la capitale Bangui.

Un tintamarre de klaxon de moto-taxi a également été entendu dans les autres quartiers de la capitale. Le calme est revenu à la tombée de la nuit.

La demande de destitution d'Abdoulkarim Mekassoua, déposée le 17 octobre a été signée par 95 députés sur 140.

Les signataires de cette pétition reprochent à Meckassoua une gestion opaque des marchés de gré à gré ainsi que la rétention des rapports en sa possession en violation de l’article 10 de la Constitution du 30 mars 2016.

Le député Aurélien Simplice Zingas, membre du groupe parlementaire ‘’Chemin de l’espérance’’ qui soutient le président de l’Assemblée nationale estime qu’avec ce vote, la démocratie centrafricaine est en péril. 

« Les députés centrafricains devraient s’abstenir de ce vote qui, à mon avis, relève d’une décision politique. Le peuple attendait cette marque de responsabilité de la part de ses élus. Ce n’est qu’à ce prix que le député devra entrer dans l’histoire par la grande porte. Malheureusement, ils vont rentrer par la petite porte et c’est la démocratie centrafricaine qui es péril », a-t-il déclaré. 

En revanche, Mathurin Dimbélé Nakoé, député du KNK, le parti de l’ancien président François Bozizé, considère que « l’acte posé par les députés aujourd’hui doit faire école. C’est la maturité de la démocratie centrafricaine, un signal fort à l’endroit de ceux qui foulent au pied la bonne gouvernance ».

Notons que l’histoire parlementaire de la RCA est à sa 6ème législature. Et, c’est la deuxième fois qu’un président de l’institution parlementaire est destitué. Conformément aux dispositions de la constitution de la RCA, le vote du nouveau président est prévu dans trois jours.

Il est à rappeler, par ailleurs, que la Centrafrique est secouée depuis quelques mois par des affrontements armés similaires à ceux qu'a connus le pays en 2013 et qui avait causé la mort de milliers de personnes et contraint des dizaines de milliers de musulmans à l’exil. 

La destitution du président de l’Assemblée nationale centrafricaine de confession musulmane fait craindre le retour des heures sombres pendant lesquelles les musulmans ont été victimes de massacres.