Cavusoglu: "Une nouvelle phase dans les relations Turquie-UE"
- "Les conditions et les besoins des migrants aujourd'hui sont très différents de ceux de 2016. Nous devons discuter avec l'UE de ce que nous pouvons faire dans ce nouveau contexte", a notamment expliqué le Chef de la diplomatie turque.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, s’est félicité de l’entrée dans une nouvelle phase des relations Turquie-Union Européenne (UE).
Le Chef de la diplomatie turque était, mardi, l’invité de la Table des Editorialistes de l’Agence Anadolu (AA). Il a répondu aux questions relatives aux principaux sujets liées à l’actualité régionale et internationale, ainsi qu’à la politique étrangère d’Ankara.
La crise des migrants, qui a fait l’objet d’une réunion, lundi à Bruxelles, entre le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, et les responsables de l’Union Européenne, Charles Michel, Président du Conseil Européen, et Ursula Von Leyen, Présidente de la Commission Européenne, est l’un des principaux sujets évoqués.
Cavusoglu a d’abord voulu indiquer qu’en dehors de la question même des réfugiés et des migrants, les rencontres de lundi à Bruxelles, auxquelles il a également pris part, ont également traité des relations Turquie-UE.
"Nous sommes passés dans une nouvelle phase de dialogue avec l’UE, mais il faut entreprendre des actions pour que ces pour que ces relations se poursuivent de manière réaliste", a-t-il estimé.
Pour le ministre turc, la question des réfugiés est très étroitement liée aux relations Turquie-Union Européenne, d’autant plus que les frontières de la Turquie représentent les frontières de l’Europe.
"Les frontières de l'Europe ne commencent pas à la frontière turco-grecque, mais aux frontières sud et est de la Turquie", a-t-il assuré.
Concernant l’accord de mars 2016 entre Ankara et Bruxelles, sur l’accueil des migrants, Mevlut Cavusoglu a rappelé que la Turquie a très largement respecté ses engagements, contrairement à l’UE. Cet accord, contrairement à ce qui peut être dit, ne concerne pas seulement la crise des migrants, il englobe également la levée des visas européens en faveur des citoyens turcs, la réforme de l’Union douanière ou encore la relance du processus d’adhésion de la Turquie à l’UE, a-t-il rappelé.
Par ailleurs, le contexte de 2016 est très différent de celui d’aujourd’hui. En 2016, la Turquie comptait 2 millions de réfugiés, aujourd’hui ils sont plus de 4 millions, dont 3,7 millions de Syriens.
De plus, la crise humanitaire à Idleb a poussé près de 2 millions d’autres réfugiés syriens à se tourner vers la frontière turque.
Face à cette situation intenable, et malgré les nombreux appels d’Ankara pour plus de solidarité de l’Europe, la Turquie a décidé il y a quelques jours d’ouvrir ses frontières avec l’Europe pour laisser passer les réfugiés qui voudraient se rendre en Europe.
"Les conditions et les besoins des migrants aujourd'hui sont très différents de ceux de 2016. Nous devons discuter avec l'UE de ce que nous pouvons faire dans ce nouveau contexte", a-t-il expliqué, se félicitant néanmoins de l’approche réaliste de « la nouvelle direction de l’UE qui comprend les difficultés de la Turquie".
"Vous ne voulez pas que de nouveaux réfugiés arrivent d'Idleb et en même temps vous n'apportez aucun soutien pour qu'ils vivent là-bas", a-t-il encore une fois critiqué, face à l’inaction de l’Europe pour mettre fin à la crise humanitaire à Idleb en Syrie.
Dénonçant la violence et le comportement disproportionné des forces de l’ordre grecques qui essaient d’empêcher à tout prix, l’entrée des réfugiés sur son sol, le ministre des Affaires étrangères a rappelé la nécessité de se soumettre aux règles internationales en la matière.
"De la même manière que nous avons ouvert nos portes, les autres pays aussi doivent agir de manière conforme au droit international", a-t-il lancé.
- Le cessez-le-feu à Idleb :
Le Chef de la diplomatie turque a aussi donner des informations supplémentaires sur l’accord de cessez-le-feu à Idleb conclu le 5 mars à Moscou après le sommet Erdogan-Poutine.
"Nous oeuvrons pour que le cessez-le-feu [à Idleb] devienne permanent", a-t-il tout d’abord indiqué.
Mais Ankara reste prudent quant au comportement du régime de Bachar al-Assad qui respecte rarement ses engagements.
"Si le régime essaie d'avancer [malgré le cessez-le-feu à Idleb], nos soldats feront le nécessaire", a-t-il prévenu pour conclure.