Burundi : Yafeti transforme les pneus usés en meubles
Originale, l’invention de Leo Cheko Yafeti, jeune congolais qui transforme les pneus usés en meubles.
Ainsi faisant, il fait d’une pierre deux coups, contribuant à la lutte contre la déforestation et débarrassant l’environnement d’objets nuisibles en caoutchouc, les pneus usagés.
L’originalité et la durabilité, voilà les deux principales qualités de ses fauteuils, chaises, canapés, pots de fleurs, etc., produits dans son atelier situé au centre de Bujumbura.
«Dès mon jeune âge, je fabriquais des petits avions, des petits vélos pour m’amuser», expose cet innovateur, 29 ans, interrogé par Anadolu.
Il mentionne qu’à Bukavu, sa ville natale, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), des enfants se regroupaient autour de lui pour apprécier son talent.
Chez lui, le sens d’initiative, s’est vite développé. Ainsi, après ses études universitaires en droit, à l’Université Catholique de Bukavu, puis à l’Université Sagesse d’Afrique de Bujumbura, en 2014, il a servi comme volontaire au Rwanda, en RDC, au Burundi, etc.
Une occasion pour lui de découvrir que des déchets sont recyclables.
«Un jour, je regardais la télévision, j’ai vu un reportage sur un jeune marocain qui recyclais les pneus et y fabriquais différents objets », se souvient-il, affirmant que cela lui a servi de déclic.
Il a tenté à maintes reprises d’entrer en contact avec lui, en vain. Ce qui ne lui a pas néanmoins découragé.
En effet, avec ses amis, début 2015, Yafeti a décidé de s’y lancer en ouvrant un petit atelier à Bwiza, commune Mukaza, centre de Bujumbura.
«Malheureusement, nous avons été obligés de stopper à cause des manifestations contre le troisième mandat du président Nkurunziza », regrette-t-il. Lui et ses amis prennent la fuite vers la RDC, son pays natal.
Avec l’accalmie de fin 2015, il est revenu relancer son projet : «Quand je récupérais les pneus, les policiers pensaient que je voulais me joindre aux manifestants, que ces pneus seront utilisés pour bloquer la circulation, etc ».
Et c’est vers fin 2016 qu’il a effectivement monté son projet avec la production des premiers prototypes.
Produire un fauteuil, indique-t-il, il faut au moins trois pneus, des fils en nylon, des mousses, des vis et de la colle qui sert à encoller la mousse aux pneus et un tissu (velours) de bonne qualité.
Un fauteuil coûterait aux alentours de 60 dollars. Et la production d’un salon complet lui prend sept jours.
Ses clients sont principalement des jeunes couples à la recherche d’originalité. Ils constituent plus de 40%, indique-t-il.
Puis, viennent les jeunes qui quittent le toit familial pour devenir autonomes avec des petits espaces à gérer.
Viennent, ensuite, les familles moyennes en quête d’un nouveau décor dans leurs maisons, les propriétaires des espaces d’accueils, des restaurateurs, énumère-t-il, affirmant que son entreprise est prometteuse et une dizaine de jeunes diplômés y ont déjà trouvé un emploi.
Par ailleurs, confie-t-il, le recyclage de ces pneus usés contribue à la protection de l’environnement et à la lutte contre le paludisme : «Tout ce qu’on utilise comme meubles est majoritairement fabriqué à partir de l’arbre. Notre but est d’abord de réduire la consommation du bois.»
Et selon les données du ministère de l’environnement, le taux de déforestation atteignait 9% du territoire national (27.834 km2), il y a trois ans.
Il rappelle en outre, que pour s’en débarrasser, certains brûlent les pneus produisant ainsi une grande quantité de gaz carbonique, très polluant.
Ce bricoleur signale aussi que les pneus jetés dans la nature constituent des bonnes niches pour les moustiques, vecteurs de la malaria.
«Ainsi, en leur donnant une nouvelle vie, nous luttons contre la multiplication des moustiques et par conséquent, bon nombre de gens sont épargnés du paludisme », justifie-t-il.
A titre indicatif, un rapport d’une mission d’investigation des experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) produit en mars 2017 a fait état de 1,8 million de cas de paludisme enregistrés au Burundi et 700 personnes sont mortes suite à la malaria, de janvier à mars 2017.
Yafeti rêve de conquérir le marché de la Communauté est-africaine (CEA) et dispose déjà d’un atelier de recyclage de pneus usés à Bukavu, sa ville natale.