Burundi : RSF et HRW condamnent "une nouvelle attaque contre la liberté des médias"

-Après la décision de Bujumbura de suspendre deux médias étrangers.

Burundi : RSF et HRW condamnent "une nouvelle attaque contre la liberté des médias"

Les organisations Reporters sans frontières (RSF) et Human Rights Watch (HRW) ont condamné "une nouvelle attaque contre la liberté des médias" au Burundi après le renouvellement de la décision de suspension de la radio Voice of America (VOA) et le retrait de l’autorisation d’exploitation de la British Broadcasting Corporation (BBC).

Dans un communiqué publié vendredi, le Conseil National de la Communication (CNC) du Burundi a décidé le retrait avec effet immédiat de la licence d’exploitation de la radio BBC. Le CNC a qualifié de "montage mensonger, calomnieux et accablant" un documentaire produit en décembre dernier par la radio et révélant l’usage de la torture par des agents des service de renseignement dans des centres de détention secrets.

Cet organe de régulation des médias a également ordonné la prolongation de la suspension des émissions de la radio Voice of America (VOA), reprochant à la rédaction "de maintenir dans son personnel une personne recherchée par un mandat d'arrêt international émis par la justice burundaise”.

"Ces mesures draconiennes représentent une nouvelle tentative d'empêcher le monde de connaître les graves violations des droits humains qui sont commises au Burundi", a déploré dans un communiqué publié vendredi soir, Lewis Mudge, Directeur de la Division Afrique centrale à HRW.

"Cette décision complètement arbitraire du CNC est la signature d’un verrouillage médiatique qui se poursuit et qui n’a d’autre but que de réduire au silence les rares médias qui osent encore critiquer le régime burundais", a déclaré vendredi soir dans un autre communiqué Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF.

"En sanctionnant deux médias internationaux de référence dont les programmes en langue nationale sont très suivis, le régime envoie aussi un message d’avertissement à l’ensemble des journalistes burundais, déjà largement contraints à l’autocensure, alors que se profile l’élection présidentielle l’année prochaine", a ajouté Arnaud Froger.

Les autorités burundaises ont salué les décisions du CNC. "Il faut reconnaître que la BBC a été bannie pour ses mensonges sur le Burundi", a réagi sur son compte twitter, Willy Nyamitwe, Conseiller principal du président burundais, Pierre Nkurunziza.

Les deux médias sanctionnés n’ont encore réagi.

Depuis fin avril 2015, le Burundi traverse une grave crise politique émaillée de violences, déclenchée par la candidature controversée du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat.

Ces violences ont déjà fait plus de 1000 morts et ont poussé plus de 347.000 personnes à l’exil selon le décompte de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés publié le 27 février 2019.