Burundi / Affaire Ndadaye: l’Assemblée nationale rejette "l'ingérence" de l’UA
- Le Procureur général de la République du Burundi, Sylvestre Nyandwi, avait émis, il y a plus d'une semaine, 17 mandats d’arrêt à l’encontre de personnalités civiles et militaires, dont l'ancien président Pierre Buyoya
L’Assemblée nationale burundaise (AN) a accusé, mercredi, le président de la Commission de l’Union africaine (UA) de vouloir s’ingérer dans une affaire qui concerne la justice.
S’exprimant, mercredi, lors d’une conférence de presse, Pascal Nyabenda, président de l’Assemblée nationale burundaise a expliqué que le ‘’Burundi n’est pas en crise, et qu’aucune situation n’empêcherait les institutions burundaises de fonctionner normalement’’.
« L’AN rejette les arguments avancés par président de la Commission de l’Union Africaine (UA) Moussa Faki Mahamat qui voit dans le mandat d’arrêt international contre Pierre Buyoya un acte qui pourrait porter atteinte à l’unité nationale et entraverait les activités de la Commission vérité et réconciliation (CVR) », a-t-il déclaré, en réaction à la déclaration, le week-end dernier, du diplomate de l’UA.
Pour rappel, Moussa Faki Mahamat avait exprimé sa profonde préoccupation face à « l’impasse persistante » du dialogue inclusif au Burundi.
Ainsi, il avait appelé Bujumbura à faire preuve d’esprit de compromis dicté par la situation actuelle et mettre fin aux arrestations des hauts gradés de l’ancienne armée régulière, suspectés d’être impliqués dans l’assassinat du président Melchior Ndadaye.
Lors de sa conférence de presse, Nyabenda a demandé aux organisations internationales de cesser de s’ingérer dans les affaires internes du Burundi qui relèvent de la souveraineté nationale et laisser la justice faire son travail.
«Nous considérons qu'il s'agit plutôt de la poursuite d'une action qu'elle a déjà initiée et qu'elle entend clôturer», a-t-il ainsi ajouté, tout en encourageant la justice burundaise à continuer à mener des investigations approfondies, «afin d’éradiquer définitivement l’impunité dans notre pays pour qu’aucun Burundais ou étranger ne songe plus à renverser les institutions démocratiquement élues».
En attendant l’identification des véritables auteurs et commanditaires de l’assassinat du président Melchior Ndadaye, M. Nyabenda demande au peuple burundais et aux communautés étrangères vivant au Burundi de ne pas prêter oreille aux commentaires politiques, aux fins inavoués et de rester serein.
Il y a déjà plus d’une semaine, le Procureur général de la République du Burundi, Sylvestre Nyandwi a émis 17 mandats d’arrêt à l’encontre de personnalités civiles et militaires, dont Pierre Buyoya, dans le cadre de la réouverture d’une enquête sur l’assassinat de l’ex-président burundais Melchior Ndadaye en octobre 1993.
Premier président hutu (ethnie majoritaire) démocratiquement élu, Melchior Ndadaye avait été tué dans le coup d’Etat du 20 au 21 octobre 1993, dans un camp militaire au sud de la capitale. Il venait de passer seulement trois mois au pouvoir. Un assassinat qui a été suivi d’une guerre civile.
Des pourparlers de paix ont abouti à la signature de l’accord d’Arusha en août 2000.
L’ex-président Pierre Buyoya a dirigé le pays de 1987 à 1993 puis de 1996 à 2003, chaque fois, suite à un putsch militaire.
Le Burundi a replongé, depuis avril 2015, dans une nouvelle crise politique et sécuritaire suite à la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un 3ème mandat, considéré comme illégal.