Ankara réagit avec fermeté à l'annonce de sanctions américaines

- Le ministère des Affaires étrangères annonce que des sanctions similaires à celles prises contre deux ministres turcs seront prises par la Turquie contre des responsables américains.

Ankara réagit avec fermeté à l'annonce de sanctions américaines

La Turquie a très fermement réagi à la décision américaine d’imposer des sanctions à deux ministres turcs, de l’Intérieur Suleyman Soylu et de la Justice Abdulhamit Gul, en raison de la détention du pasteur américain Brunson.

Le ministère turc des Affaires étrangères a publié, mercredi, un communiqué relatif à l’annonce par le Trésor américain de sanctions contre deux ministres turcs, tenus responsables du sort du pasteur Brunson.

"Les sanctions contre nos deux ministres sont contraires au comportement responsable que doit avoir un Etat et sont éloignées des concepts de droit et de justice", a d’abord indiqué le ministère.

"Ces sanctions font, de manière irrespectueuse, ingérence à notre système judiciaire. Elles sont contraires à nos relations avec les Etats-Unis et auront un effet néfaste sur les efforts en cours pour restaurer nos relations bilatérales. Nous appelons l’administration américaine à revenir sur cette décision erronée. Sans attendre, des sanctions similaires vont être prises en réponse à cette attitude agressive (des Etats-Unis) qui n'apportera rien", a poursuivi Ankara

- Des sanctions américaines qui font ingérence dans la justice turque, annoncées par la Maison Blanche

Sarah Sanders, porte-parole de la Maison Blanche, a annoncé qu’en raison de la poursuite de la détention du pasteur américain Andrew Brunson, poursuivi par la justice turque, le ministre turc de la justice, Abdulhamit Gul, et le ministre turc de l’Intérieur, Suleyman Soylu, feront l’objet de sanctions américaines.

"Les ministres turcs de l’Intérieur et de la Justice, impliqués dans l’arrestation et l’emprisonnement du pasteur Brunson, seront sanctionnés par le Trésor américain, conformément aux instructions du Président", a déclaré Sanders.

Sanders a ajouté que les éventuels avoir des deux ministres turcs aux Etats-Unis seront bloqués.

Le Trésor américain, dans un communiqué, a fait savoir que les ministres Gul et Soylu ont été inscrits dans la liste des sanctionnés « en raison de leur rôle dans l’affaire Brunson ».

Selon les lois américaines, les personnes inscrites sur la liste des sanctions voient leurs avoirs aux Etats-Unis être bloqués et elles ne peuvent plus avoir de relations commerciales avec ce pays.

- Quelques-unes des accusations contre Brunson

Selon l’acte d’accusation préparé par le Procureur de la République d’Izmir, Berkant Karakaya, le pasteur américain Brunson, arrêté le 9 décembre 2016, est soupçonné d’avoir commis des crimes pour le compte des organisations terroristes PKK et FETO, et d’avoir, en général, agi en collaboration avec elles tout en connaissant parfaitement leurs objectifs.

Brunson est également accusé d’avoir rencontré à plusieurs reprises des "hauts cadres" de FETO, notamment dans la région égéenne avec les fugitifs Bekir Baz et Murat Safa, mais aussi d’avoir défini des stratégies d’action avec le représentant d’Amnesty International en Turquie, Taner Kilic, poursuivi et détenu pour "adhésion à une organisation terroriste armée".

L’acte d’accusation comprend également des messages envoyés à un militaire américain par Brunson le soir du 15 juillet 2016, exprimant sa tristesse face à l’échec de la tentative de coup d’état. "Nous attendions certains évènements qui allaient déstabiliser la Turquie. Les conditions nécessaires pour retourner à Jésus étaient réunies. La tentative de coup d’état était un choc. Comme dans le passé, de nombreux Turcs ont fait confiance à l’armée mais cette fois-ci c’était bien trop tard. C’est une nouvelle turbulence après la tentative de coup. Je pense que les choses vont s’empirer. Au final, nous allons gagner". Ce message de Brunson a été inséré aux accusations.

L’enquête a également établi que, grâce à l’analyse des signaux envoyés, les GSM du pasteur Brunson et du fugitif de FETO, Bekir Baz, étaient très proches l’un de l’autre à 293 reprises.